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JUGES DES ENFANTS : LA NOUVELLE DONNE. Au regard des évolutions aujourd'hui annoncées ou expérimentées, la justice des mineurs se trouve à un tournant de son histoire, affirment les sociologues Benoit Bastard et Christian Mouhanna. Soit le juge des enfants continuera à intervenir aussi bien au civil qu'au pénal, ce qui lui permet notamment d'adapter ses réponses à des mineurs auteurs qui souvent sont aussi, ou ont été, des mineurs victimes. Soit le magistrat perdra cette double casquette si l'assistance éducative ne relève plus que des conseils généraux, sauf en cas de contestation de leur action. Ce serait alors mettre à mal l'ensemble d'un système « à l'équilibre certes fragile et incomplet, mais qui fonctionne au mieux, eu égard aux contraintes qui pèsent sur lui », estiment les chercheurs. Telle est la conviction qu'ils retirent de leur exploration approfondie du métier de juge des enfants. Une plongée dans le quotidien des pratiques judiciaires qui les a amenés à rencontrer une trentaine de magistrats appartenant à différentes juridictions et générations, ainsi que leurs partenaires de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), de l'aide sociale à l'enfance (ASE) et du secteur associatif. De fait, juge solitaire dans l'appréhension des dossiers et la prise de décision, le juge des enfants n'en entretient pas moins des relations d'interdépendance essentielles avec une constellation d'acteurs, expliquent les sociologues. « Le travail social s'enracine dans la décision judiciaire et l'activité du juge » et « ne peut se réaliser sans le concours des services qui assurent le contact direct avec les enfants, les jeunes et les familles sur le terrain. » C'est la pérennité de ce dispositif de prise en charge des jeunes en difficulté - en danger et/ou délinquants - qui est menacée par la volonté politique de restreindre le champ du juge des enfants. Cette nouvelle donne pourrait libérer les interlocuteurs du magistrat de la jeunesse de sa tutelle, pour une partie de leur activité, mais elle les priverait aussi du cadre de travail que celui-ci leur procure, soulignent Benoit Bastard et Christian Mouhanna.