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L'Elysée procède à un remaniement limité mais affectant les ministères sociaux

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Trois entrants, deux partants et un changement de portefeuille. Le remaniement ministériel qui était attendu au lendemain des élections régionales est finalement resté modeste.

Jusqu'alors ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, Xavier Darcos - sévèrement battu en Aquitaine - quitte le gouvernement. Eric Woerth, précédemment ministre du Budget, des Comptes Publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat, le remplace, héritant du portefeuille « du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique ». Dans sa tâche, il sera notamment secondé par le député (UMP) de l'Essonne, Georges Tron, nouveau secrétaire d'Etat à la fonction publique. Autre entrant, le député-maire (UMP) de Troyes, François Baroin (1), succède à Eric Woerth au poste de ministre du Budget, des Comptes Publics et de la Réforme de l'Etat, où il devra notamment préparer la nouvelle loi de programmation des finances publiques (2011-2013) dans un contexte économique difficile. Enfin, comme il le souhaitait, Martin Hirsch quitte ses fonctions de Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et de Haut Commissaire à la jeunesse. Le député (UMP) du Nord, Marc-Philippe Daubresse, le remplace, avec le titre de ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives. Le gouvernement « Fillon » compte désormais 40 membres dont 19 ministres.

Un quatrième ministre du Travail en moins de trois ans

Eric Woerth se retrouve donc à la tête d'un nouveau ministère regroupant Travail et Fonction publique. Un rattachement inédit mais qui a une certaine logique dans la mesure où l'ancien locataire de Bercy aura pour mission principale de mener les discussions avec les partenaires sociaux en vue d'une réforme des retraites dans les secteurs privé et public. Quatrième ministre du Travail en trois ans, celui qui est également maire (UMP) de Chantilly (Oise) a fait ses débuts dans l'exécutif en 2004 en tant que secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat au sein du gouvernement « Raffarin ». Il fut débarqué l'année suivante par Dominique de Villepin. Il a ensuite été nommé ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique en mai 2007, avant que le dossier de la Réforme de l'Etat ne vienne s'ajouter à son portefeuille ministériel en juin 2009.

Si, dans ses nouvelles fonctions, Eric Woerth garde l'autorité sur la fonction publique, ce portefeuille se voit toutefois spécifiquement confié à un secrétaire d'Etat, le député (UMP) de l'Essonne, Georges Tron. Depuis le départ en juin dernier d'André Santini, aucun membre du gouvernement ne s'occupait à plein temps de ce dossier. Secrétaire national de l'UMP chargé de la fonction publique, Georges Tron s'intéresse de près au sujet. Membre de la commission des finances de l'Assemblée nationale, il a en effet été rapporteur du budget de la fonction publique depuis 2003. Il a, en outre, été l'auteur de plusieurs rapports sur la fonction publique, suggérant même dans l'un deux, en 2005, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Une réforme que le gouvernement met en pratique aujourd'hui.

Nommé la veille d'une journée de mobilisation syndicale, il a indiqué, le 23 mars, que la réforme de la fonction publique était « indispensable » mais n'avait de sens que « si elle [était] comprise, expliquée ».

A noter : Georges Tron n'est pas le seul secrétaire d'Etat sur lequel Eric Woerth a désormais autorité. Fadela Amara, Nadine Morano et Nora Berra - chargées respectivement de la politique de la ville, de la famille et de la solidarité, et des aînés - restent ainsi rattachés au ministère occupé précédemment par Xavier Darcos.

Un ministère pour les Solidarités actives et la Jeunesse

Le départ de Martin Hirsch était attendu. Au bout d'un an et deux mois passés aux postes de Haut Commissaire à la jeunesse et Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, l'ancien président d'Emmaüs France considérait sa mission achevée au gouvernement après la réforme des minima sociaux, la mise en place du revenu de solidarité active (RSA) - qui souffre toutefois d'un déficit de connaissance de la part de ses bénéficiaires potentiels - ou bien encore l'élaboration d'une politique globale pour la jeunesse incluant le service civique. Information confirmée le jour même par l'Elysée, Martin Hirsch a annoncé le 22 mars dans une lettre qu'il présidera l'Agence du service civique, qui devrait être créée « dans le courant du mois de mai » et dont il va assurer « dès maintenant la préfiguration ».

Marc-Philippe Daubresse hérite des attributions de Martin Hirsch mais est gratifié du titre de ministre. Sa nomination est une surprise car un arrêté paru la veille au Journal officiel venait de le reconduire à la présidence de l'Agence nationale de l'habitat, poste qu'il occupait depuis janvier 2009. Entré pour la première fois dans le gouvernement « Raffarin » comme secrétaire d'Etat au logement en mars 2004, rattaché au ministre de la Ville d'alors - Jean-Louis Borloo -, il avait fini par récupérer les attributions de son ministre de tutelle en tant que ministre délégué au Logement et à la Ville, avant d'être débarqué par Dominique de Villepin. Maire de Lambersart (Nord) de 1988 à 2004, puis de 2005 à aujourd'hui, il est aussi député (UMP) depuis 1992. Spécialiste reconnu du logement, Marc-Philippe Daubresse est également un bon connaisseur des questions sociales. Il a notamment été rapporteur de la loi généralisant le RSA et réformant les politiques d'insertion.

Lors de la passation de pouvoirs avec Martin Hirsch, le 23 mars, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives a déclaré qu'il entendait mettre en oeuvre les chantiers lancés par son prédécesseur et « ne rien infléchir du tout ». « Mon objectif n'est pas de faire des lois mais de garantir leur application opérationnelle sur le terrain et l'efficience de la déclinaison territoriale des politiques », a-t-il ajouté, évoquant « le service public de l'orientation, l'emploi des jeunes, le service civique et la continuation du revenu de solidarité active et des actions prévues par la loi ». Le matin même, sur l'antenne de France Info, Marc-Philippe Daubresse estimait que le dispositif du RSA pourrait être « simplifié », car il est « très compliqué ». « On peut trouver une procédure qui soit beaucoup moins lourde pour que, dans la relation entre les centres communaux d'action sociale, les départements, les caisses d'allocations familiales et Pôle emploi - car vous avez ces quatre acteurs en même temps ce qui complexifie la chose -, on puisse avoir une chose beaucoup plus lisible sur le «qui fait quoi» », a-t-il expliqué. Sur l'emploi des jeunes, Marc-Philippe Daubresse considère par ailleurs qu'il faut « qu'on déploie beaucoup plus vite pour les personnes les plus touchées l'ensemble du dispositif. Il est prêt, mais il n'est pas assez vite déployé sur le terrain ».

Le nouveau ministre n'a, en revanche, pas eu un mot sur la vie associative, qui devrait pourtant faire partie de ses attributions (sur la réaction de la Conférence permanente des coordinations associatives, voir ce numéro, page 21).

[Décret du 22 mars 2010, J.O. du 23-03-10]
Notes

(1) Propulsé à 30 ans porte-parole du gouvernement « Juppé » en juin 1995, François Baroin a été débarqué cinq mois plus tard, ne retrouvant l'exécutif qu'en 2005 au sein du gouvernement « Raffarin », au poste de ministre de l'Outre-mer jusqu'en 2007 puis, pendant deux mois, à celui de ministre de l'Intérieur.

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