Sur l'image, le bébé est assis par terre, dans sa layette pastel. Ses yeux fixent le sol. La photographe se tient en plongée, de haut. L'enfant semble minuscule. Et flou. Le point est fait sur l'arrière-plan, l'embrasure d'une porte, dans laquelle s'empilent des meubles, une table à la verticale, des planches de bois, qui menacent de s'écrouler à tout instant. En une photo, Diane Grimonet suggère toute la précarité d'une vie qui débute dans un hôtel meublé. Une vie de fortune que la photographe suit depuis dix ans maintenant.
Auparavant, elle immortalisait le jeu des comédiens sur les planches. D'où son goût pour les portraits en situation, les visages qui ne regardent pas l'objectif. Un soir, Diane Grimonet passe devant la Maison des ensembles, un squat parisien. Elle y rencontre des chômeurs, des personnes en situation précaire, des sans-papiers. Elle commence à suivre le mouvement des chômeurs, qu'elle couvrira pour Libération. Puis Diane Grimonet , qui collabore régulièrement aux ASH, ne quittera plus la rue, les garnis, les foyers.
Avec l'aide de l'association Pour que l'esprit vive, la photographe réunit aujourd'hui une sélection de ses images dans un livre et une exposition : 60 tirages argentiques noir et blanc et couleurs, pour témoigner de l'insalubrité des logements, mais également du squat de Cachan en 2006, ou encore des grèves de personnes sans papiers et de leurs conditions de vie dans les centres de rétention. Des sujets réputés peu visuels, des scènes sans action. Pourtant, les images - sensibles - frappent, attirent le regard et l'attention. Mais jamais assez, pour Diane Grimonet, qui a bien l'intention de continuer à témoigner.
« Non assistance à ?... » - Diane Grimonet - Jusqu'au 15 mai, à la galerie Fait & Cause - 58, rue Quincampoix, 75004 Paris - Livre à paraître, dans la collection Sophot.com - Rencontre « Toit et moi », le 15 avril, de 9 h à 13 h, à l'auditorium de l'Hôtel de Ville - 5, rue Lobau, 75004 Paris