IMPOSSIBLE PARCOURS. Un livre pour une photo. Une photo d'identité pour une question d'identité. En 2003, le photographe Sylvain Gouraud emménage dans le Xe arrondissement de Paris. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, à Calais, de nombreux réfugiés se sont installés entre la gare du Nord et la gare de l'Est. Curieux, choqué, le photographe rencontre le « collectif des exilés du Xe arrondissement » et assiste aux réunions. Lui vient alors un projet : il imagine des portraits de migrants affichés sur les murs du quartier, comme objets de médiation entre les habitants et les exilés. Pas si simple. Dans son livre Pour les exilés, Sylvain Gouraud raconte ce qu'il appelle son « impossible parcours » pour obtenir l'autorisation d'exposer ses clichés. L'impossibilité aussi d'obtenir l'accord de migrants. L'artiste décide alors de photographier un modèle, un ami métis. Et, pour faire le parallèle entre « une Française en Irak dont tout le monde parle » et « des Irakiens en France dont personne ne veut se faire l'écho », il demande à Florence Aubenas l'autorisation de reprendre la ligne graphique de la campagne de communication mise en place pour sa libération.
Dernière étape : placarder à la sauvette, à 7 h 30 du matin, l'affiche sur la façade du couvent des Recollets, suivie de 1 000 plus petites sur les murs de l'arrondissement. Il reçoit une amende pour les frais de décollement. Pour graver malgré tout sa tentative, il publie aujourd'hui un livre. Vite parcouru, l'ouvrage coup de gueule atteint son objectif : questionner sur cette impossibilité à rendre visibles des migrants que personne ne veut voir.
Pour les exilés - Sylvain Gouraud - Ed. Filigranes - Gratuit (2 € de frais de port) -