Le 10 mars, toutes les lignes du service d'accueil téléphonique sur les addictions Adalis (Addictions drogues alcool info service) étaient « saturées ». A l'appel de trois syndicats (CFDT, CGT-EPSA et UNSA Adalis), la quasi-totalité des salariés du service était en grève. La veille, des négociations sur les revendications portées par les salariés, n'avaient apporté aucune réponse. Parmi les points de crispation, les conditions de départ des personnes qui seront licenciées dans les semaines à venir. La loi de finances pour 2010 prévoit en effet la réduction du plafond d'emplois de la structure de 54 à 45 équivalents temps plein (ETP) et, alors que les syndicats demandent que ces licenciements ne concernent aucun salarié permanent, nul ne sait jusqu'à présent qui devra partir. La direction du service indique cependant que, « au 1er janvier 2010, le service fonctionne déjà en dessous du plafond d'emplois 2009, avec 50 ETP ». Autres motifs de mécontentement : la fermeture envisagée de pôles régionaux (il en existe cinq en plus du siège parisien), liée aux contraintes budgétaires du service (1), et le statut des salariés. Autant de questions qui seront tranchées lors du pré-conseil d'administration, le 24 mars, où ne sont présents que la direction, le président du groupement d'intérêt public Adalis et les tutelles financières. Il y a donc urgence, pour les syndicats de salariés, à faire entendre leurs demandes.
Rattaché à la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) jusqu'en 2008 sous le nom de DATIS (Drogues, alcool, tabac, info service), le service est passé sous la tutelle de l'Institut national de la prévention et de l'éducation à la santé (INPES) fin 2009. Ce qui implique un changement de statut des personnels qui, recrutés sous contrat de droit privé, doivent passer sous statut public. « Avant, nous avions notre propre accord d'entreprise et une grille de salaires interne qui évoluait avec l'ancienneté. Aujourd'hui, la nouvelle direction balaie notre accord et, sans négociation, nous impose les dispositions du décret du 17 janvier 1986 (2), qui nous est beaucoup moins favorable », explique Sandra Samson, déléguée syndicale CGT. Selon elle, la direction tente de passer en force sur le statut avant de procéder aux licenciements, de façon « à faire partir les gens avec moins d'avantages que si l'accord d'entreprise s'appliquait. Résultat, une secrétaire qui a dix ans d'ancienneté ne partirait qu'avec 1 500 € ! ». De son côté la directrice du service, Véronique Bony, indique que « les dernières orientations ministérielles préconisent l'application du statut prévu par le décret du 17 janvier 1986, satut applicable actuellement à l'INPES, qui est celui des agences sanitaires nationales ».
Concernant la réorganisation, elle précise que différentes hypothèses sont envisagées, dont la fermeture de pôles. Ce que les syndicats considèrent comme « une amputation conséquente des activités d'Adalis, dont le démantèlement rime avec la détérioration du service rendu ». Envisagée depuis 2006 (3), cette réorganisation s'inscrit dans un projet global de regroupement de la dizaine de services de téléphonie sanitaire et sociale (qui regroupe 15 lignes), au sein d'une plateforme « Téléphonie santé ».
(1) La loi de finances pour 2010 prévoit un budget de 3,3 millions d'euros (en baisse par rapport à 2009).
(2) Il s'agit du décret du 17 janvier 1986 relatif aux dispositions générales applicables aux agents non titulaires de l'Etat pris en application de l'article 7 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat.
(3) En 2006, le service avait fermé les permanences de nuit et 27 personnes avaient été licenciées. Fin 2008, une grève avait opposé, sur la question du statut, les salariés écoutants à la direction - Voir ASH n° 2588 du 26-12-08, p. 39.