Adoptée le 9 mars par le Conseil des ministres européens de l'Emploi, l'édition 2010 du rapport conjoint (Commission-Conseil) sur la protection sociale et l'inclusion sociale, comme les précédentes, analyse et évalue les rapports nationaux sur les stratégies menées par les Etats membres en matière d'inclusion sociale, de logement, de santé et de retraite (1). Lors de sa présentation à la presse, le 4 mars, le nouveau commissaire européen aux affaires sociales, Laszlo Andor, a affirmé que « les systèmes de sécurité sociale et les mesures à court terme face à la crise ont contribué de façon majeure à atténuer les répercussions sociales et économiques de la crise, même si les situations diffèrent selon les pays ». La lecture même du rapport montre toutefois une réalité plus nuancée. Même si « les stabilisateurs automatiques » ont allégé les conséquences sociales de la crise, celles-ci demeurent alarmantes, relève-t-il. Et malgré les cinq millions de chômeurs supplémentaires depuis le début de la crise, les dépenses en matière sociale entre 2007 et 2010 ne vont croître que de un à six points de pourcentage, selon les Etats.
Toutefois, l'intérêt du rapport ne réside pas vraiment dans les chiffres mais plutôt dans une certaine prise de conscience des autorités nationales et européennes : miser sur la création d'emplois et une adaptation maximale des travailleurs au marché de l'emploi ne suffira pas à enrayer l'exclusion sociale. Selon le document, « les efforts déployés pour renforcer la capacité professionnelle de chacun pourraient être mis à mal par la pénurie d'emplois et la pression accrue exercée sur les services de formation et les services d'emploi ». Pour éviter, d'une part, la surcharge des services de chômage et, d'autre part, la hausse des personnes ne touchant aucun revenu, il préconise d'élaborer des stratégies globales fondées sur les principes d'inclusion active, mais aussi de revaloriser les revenus minimaux, qui se sont érodés au fil du temps. En outre, considère le rapport, la lutte contre le sans-abrisme et l'exclusion en matière de logement requiert « des politiques intégrées combinant une aide financière aux personnes, une réglementation efficace et des services sociaux de qualité ».
(1) Le rapport est complété par 27 fiches sur les stratégies de chaque Etat membre. Il est disponible sur