PERSONNES ÂGÉES, OU OBJETS DE SOINS ? Au milieu du XVIIIe siècle, un nouveau-né pouvait espérer vivre jusqu'à 25 ans. Deux siècles et demi plus tard, le seuil des 80 ans était franchi. Mais le grand vieillissement implique un grand accompagnement, et des établissements suffisamment respectueux des personnes et ouverts sur leur environnement pour qu'institutionnalisation ne rime pas avec condamnation. Or, à cet égard, beaucoup reste à faire. Tel est, en substance, le constat des auteurs ici réunis par l'Union nationale des instances et offices de retraités et personnes âgées (Uniorpa). Les établissements d'hébergement de personnes âgées sont aujourd'hui « écartelés entre préoccupations éthiques et prescriptions normatives qui les incitent à rationaliser leur gestion et à privilégier le principe de précaution », aux répercussions potentiellement attentatoires à l'exercice des droits et libertés des résidents, explique Alain Villez, conseiller technique « personnes âgées » à l'Uniopss. Aussi cet expert appelle-t-il à interroger les dispositifs qui réduisent les vieillards au statut de simples objets de soins et à diversifier les solutions d'accueil afin de répondre à la singularité des personnes âgées. Bien sûr, les intéressées ne se réjouiront probablement pas pour autant d'intégrer un établissement, car il s'agit là d'un « événement sur lequel se condensent nos peurs » - de la maladie, de la dégradation, de la dépendance, de la perte, et finalement de la mort, note le sociologue Michel Billé. Cependant, « nous aurions peut-être moins peur d'entrer dans les institutions si nous étions persuadés que ce sont des lieux où l'on peut vivre », ajoute-t-il.
Choisit-on d'entrer en établissement pour personnes âgées ? Enjeux éthiques et pratiques - Uniorpa - Ed. L'Harmattan, coll. « La gérontologie en actes » - 18€