Sa vie a commencé à 5 ans, dans les rues de Séoul, quand un policier l'a pris par la main pour l'emmener à l'orphelinat américain. Là, on a décidé qu'il s'appelait Jun Jung-Sik et qu'il était né le 2 décembre 1965. Comme 200 000 petits Coréens, il a été adopté en Occident. Pour lui, direction la Belgique. Aujourd'hui, devenu dessinateur de bande dessinée, Jung raconte son enfance et sa quête identitaire au crayon de papier. Dans les deux tomes de Couleur de peau : miel (et dans un long métrage en préparation), il revient non seulement sur la difficile acceptation de sa condition d'enfant adopté, mais sur l'adoption en général. Alors que le premier tome relate sa découverte du monde occidental et de sa nouvelle famille, le second se recentre sur l'adolescent, sur ses angoisses, ainsi que sur un sentiment de révolte envers un pays, la Corée, qui n'a pas voulu de lui. « Nos adoptions ne se terminent pas le jour où nous sommes recueillis. Ce n'est que le début de notre itinéraire d'adopté », souligne Jung dans une bulle.
Dans ce récit terriblement intime, entre les fous rires, les drames, le quotidien, les bêtises, il évoque sans compromis ses rapports avec sa mère adoptive et ses contacts avec les autres enfants adoptés - dans sa petite ville de la banlieue de Bruxelles, ils sont une dizaine de petits Coréens, que Jung évite scrupuleusement. « Pas facile de croiser son image dans la rue. C'était pas l'adoption en tant que telle qui était gênante, mais plutôt le fait d'avoir été abandonné », écrit-il.
Couleur de peau : miel (coffret) - Jung - Ed. Quadrants - 42 €