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Le CESE réclame une « véritable » stratégie pour la pédopsychiatrie

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«Délais excessifs de prise en charge, démographie médicale préoccupante, importance du coût des soins laissés à la charge des familles, carence de la réponse apportée aux troubles des adolescents... Si d'indéniables progrès ont été accomplis, le dépistage précoce et la prise en charge rapide des enfants et des adolescents constituent toujours les points noirs de la pédopsychiatrie », estime le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis adopté le 24 février (1). Son rapporteur, Jean-René Buisson, membre du groupe des entreprises privées, propose de définir, dans un plan pour la pédopsychiatrie, une « véritable » stratégie en faveur de la santé mentale des enfants et des adolescents.

Favoriser la prévention à travers un repérage précoce

Pour Jean-René Buisson, lui-même père d'enfants autistes, « le repérage précoce est un enjeu clé » car, pour certaines pathologies, il permet d'aboutir à des résultats « positifs, voire exceptionnels » en termes d'atténuation des troubles psychiatriques et d'intégration scolaire ou sociale. Pour établir rapidement un premier diagnostic, les différents acteurs (enseignants, médecins généralistes, médecins et infirmiers scolaires...) doivent être mieux formés à la détection des troubles psychiques et des handicaps, plaide-t-il. Tous les acteurs de la santé, incluant les orthophonistes, les psychomotriciens, les psychologues..., doivent aussi être sensibilisés à l'importance de leur rôle de repérage. Mais surtout, estime le rapporteur, il faut y associer l'école, laquelle en tant que « lieu de socialisation des enfants [et] de confrontation de la «norme» de groupe » peut favoriser la révélation des symptômes. Il préconise donc de former les enseignants au repérage des troubles, d'organiser une sensibilisation spécifique pour les enseignants de maternelle et les directeurs de ces établissements et d'y faire participer les associations de parents. Il recommande en outre de revaloriser la fonction de médecin de l'Education nationale, de renforcer leur nombre et d'articuler leur mission avec l'ensemble de la filière « santé mentale ».

« L'adolescence constitue un autre moment clé du dépistage. » Jean-René Buisson met en garde contre le « vocable flou » de « mal-être de l'adolescence » qui peut conduire à ne pas détecter certains troubles qui se manifestent à cette période. Pour lui, il faut permettre aux jeunes en voie de rupture scolaire d'obtenir rapidement un rendez-vous avec le médecin, l'infirmière scolaire ou l'assistante sociale de l'établissement. Autre piste : associer dépistage des troubles psychiques et communication sur les addictions pour favoriser « la prise de conscience, du jeune et de sa famille, sur l'existence d'un mal-être plus profond qui dépasse «la seule crise de l'adolescence» ».

Mieux définir et organiser l'offre de soins

L'offre de soins doit être pensée en termes de réseaux pour garantir la continuité des soins, indique Jean-René Buisson. L'objectif est de lutter contre les diagnostics tardifs faute de structures adaptées dans certains territoires et de raccourcir les délais d'accès aux consultations. Il propose de mettre en place un protocole de prise en charge par l'assurance maladie des consultations avec des intervenants libéraux tels que les psychologues et les psychomotriciens et de « repenser le partenariat public/privé ». Ainsi, tout en maintenant l'hôpital au coeur du dispositif, il estime que les agences régionales de santé devraient « promouvoir des outils de contractualisation de nature à favoriser la complémentarité de la prise en charge par le secteur libéral et médico-social ».

Autre préoccupation du rapporteur : « accompagner les familles à toutes les étapes du processus ». A ce titre, il réclame plus particulièrement un statut pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS) et la construction d'un « véritable » parcours de formation. Rappelant que la prise en charge du handicap physique et du trouble psychique ne requiert par les mêmes aptitudes, il regrette que cette distinction ne soit pas suffisamment prise en compte dans le profil et la qualification des AVS, ce qui nuit à l'intégration scolaire des jeunes qui souffrent de pathologies mentales. Selon lui, il est nécessaire que les AVS accompagnent également les enfants dans leurs activités thérapeutiques et périscolaires dans le cadre d'un poste à temps plein (2).

Enfin, Jean-René Buisson propose de « dédramatiser » l'accès aux maisons départementales des personnes handicapées, notamment en en modifiant la dénomination qui « peut faire peur aux parents et les détourner de cette structure ». Mais aussi d'inclure l'intégration des jeunes souffrant de handicap ou de troubles psychiques dans le projet des établissements scolaires et de communiquer sur l'apport positif de la présence à l'école de ces jeunes.

Notes

(1) « La pédopsychiatrie : prévention et prise en charge » -Disp. sur www.conseil-economique-et-social.fr.

(2) Des réflexions sont actuellement menées sur ce sujet par un groupe de travail commun au ministère de l'Education nationale et au secrétariat d'Etat à la famille et à la solidarité - Voir ASH n° 2644 du 29-01-10, p. 26.

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