Ce pourrait être n'importe quel pays, un pays où les pauvres entachent le paysage. Un pays où les bidonvilles, à la veille des jeux Olympiques, doivent disparaître pour faire place nette. Chassés de leur baraque de tôle, l'oncle et la tante d'une adolescente l'abandonnent sur un manège. A l'orphelinat - qui tient plutôt de la prison, avec ses matelas crasseux -, celle qui ne s'appelle pas encore Kiwi fait la connaissance de Tangerine et Litchi. Avec eux, elle s'enfuit et rejoint la Famille verte, une société d'enfants qui vit cachée dans un souterrain. Dotée d'un nouveau nom, celui d'un fruit - pour « se laver de l'autre monde » -, Kiwi apprend le vol, la drogue et la prostitution. Mariée à Litchi au cours d'une cérémonie d'enfants - « parce qu'on est plus fort à deux » -, elle découvre aussi l'entraide et la fraternité, sous l'autorité des deux grands, Mangue et Papaye. Jusqu'au jour où un drame pousse la Famille à expulser Litchi... Plongés dans le noir, les deux jeunes acteurs évoluent entre deux écrans sur lesquels sont projetées des séquences préfilmées et des prises de vues en direct, à l'aide d'une caméra infrarouge. Une mise en scène astucieuse qui entraîne le spectateur dans la profondeur du souterrain, la noirceur de l'orphelinat, les courses pour échapper à la police ou l'aspect sordide de la maison de passe. En alternance, apparaissent de brèves images documentaires signées du cinéaste belge Benoît Dervaux, auteur d'un film sur les enfants des rues de Roumanie, Gigi, Monica et Bianca (1996), comme un écho troublant à la langue simple et fruitée des jeunes héros de la pièce.
Kiwi - Compagnie Daniel Danis - 55 min - Les 3 et 4 mars à Colmar ; le 23 mars à Saint-Herblain ; le 30 mars à Aubusson ; puis en avril à La Souterraine et Gap, en mai à Istres, Digne et Reims - Tournée complète sur