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Impressions de misère

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Camille Pissarro, un des pères du courant impressionniste, a réalisé à la fin du XIXe siècle ses « Turpitudes sociales », une trentaine de dessins qui dénonçaient l'injustice de la société de l'époque.

Présentés dans leurs dimensions originales par la collection « Sources » des Presses universitaires de France, 28 dessins à la plume de Camille Pissarro illustrent le thème du malheur des pauvres et de la cupidité des nantis à la fin du XIXe siècle. Le peintre impressionniste (1830-1903), travailleur solitaire lui-même marginalisé par son art et sa pauvreté, est surtout connu pour ses tableaux dépeignant la vie rurale et des scènes de Montmartre. Mais ici, à travers des dessins d'esclavage, de misère, d'abandon ou de mort, il dresse un constat désabusé de la société. Ces productions se situent historiquement au coeur de l'agitation anarchiste qui effraie la France et les pouvoirs publics au cours des années 1880-1895, et pour laquelle Pissarro ne cache pas sa sympathie.

Chacune de ces Turpitudes sociales, à l'encrage appuyé - les murs sont sombres et sales, les vêtements noirs ou gris, le temps est maussade -, pourraient fournir le scénario d'une nouvelle, le plus souvent tragique. Si la clé de chaque dessin est fournie par le titre et/ou la légende donnés par Pissarro, c'est surtout la préface d'Henri Mitterand, professeur émérite à la Sorbonne-Nouvelle et spécialiste d'Emile Zola, qui donne un éclairage sur ces Turpitudes. Il y relate, entre autres, le fait divers à l'origine du dessin intitulé Sophie Grande chez le commissaire. C'était une jeune fille de 15 ans, abandonnée, errante, qui entra d'elle-même au commissariat pour demander de l'aide. Envoyée devant le tribunal correctionnel, elle fut condamnée pour vagabondage. L'artiste n'hésite pas à mêler horreur et ironie dans cette suite d'images sombres, notamment quand il titre celle d'une femme violemment battue par son mari Petite Scène de la vie conjugale. Le lecteur de ce livre d'art ne pourra s'empêcher de sourire en lisant, dans la préface, l'extrait d'une lettre adressée par Pissarro à son oncle en 1889 : « Sans doute qu'en l'an 2000 on regardera ces dessins en se demandant comment les gens du XIXe siècle pouvaient être assez bêtes pour laisser de tels problèmes les troubler »...

Turpitudes sociales - Camille Pissarro - Ed. PUF/Fondation Martin Bodmer, coll. « Sources » - 26 €

CULTURE

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