«La non-scolarisation (1) de milliers d'enfants en France met en danger des milliers de futurs adultes, et doit être considérée comme une priorité nationale », a défendu le Collectif national droits de l'Homme Romeurope lors de la présentation, le 10 février à l'Assemblée nationale, de son enquête de terrain détaillant l'ampleur du phénomène (2). Cette étude, réalisée avec le soutien de la Fondation Abbé-Pierre, met en évidence les nombreux obstacles à la scolarisation des enfants rom : du refus de l'inscription - parfois dû aux stéréotypes négatifs discriminatoires - au manque de moyens matériels et financiers pour assurer la fréquentation des écoles, en passant par les interruptions de parcours liées aux expulsions de leur famille. L'étude ne tait pas non plus les freins culturels incitant parfois à l'arrêt des études vers l'âge de 13 ans. Le collectif demande, non pas un dispositif spécifique aux Roms, mais « le respect de l'obligation de scolarisation pour tous, quelle que soit la situation sociale ou l'origine ethnique des enfants ». Cela passe d'abord par un investissement de tous les acteurs gravitant autour de la scolarisation - mairie, département, préfecture, inspection académique et Casnav (3), Education nationale, établissements scolaires, associations - et une coordination de leurs actions. Le collectif propose ainsi la création, au sein des académies confrontées à une présence importante d'enfants vivant en squats et bidonvilles, de missions regroupant tous les acteurs susceptibles de fournir un accompagnement aux familles sur le terrain. Ces derniers pourraient ainsi rendre « l'école plus hospitalière » en faisant appliquer le principe d'affectation immédiate dans les établissements de tous les enfants présents sur la commune. Le collectif demande également l'élargissement des capacités d'accueil des écoles (ouverture de classes d'initiation [CLIN], de classes d'accueil pour élèves non scolarisés antérieurement [CLA-NSA] et de classes d'accueil [CLA]) et la formation des enseignants sur l'accueil des ces jeunes.
En amont, il appelle à une stabilisation des lieux de vie des familles, avec la fin des expulsions sans solution de relogement. Par ailleurs, il incite les conseils généraux, dans le cadre de leurs missions de protection de l'enfance, à attribuer des aides mensuelles permettant de couvrir les frais de scolarisation d'enfants vivant dans des conditions d'extrême précarité (cantine, transport, fournitures, assurance scolaire, habillement) ou, du moins, à garantir leur accès au transport.
(1) La non-scolarisation concerne à la fois les enfants totalement en dehors du système scolaire (aucune demande d'inscription n'a été formulée), ceux partiellement intégrés au circuit scolaire (qui fréquentent l'école une partie de l'année ou par bribes) et les enfants déscolarisés (qui décrochent totalement de l'école, le plus souvent au moment du passage au collège).
(2) La non-scolarisation en France des enfants rom migrants - Disponible sur
(3) Centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage.