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Circulaire sur les sorties d'essai : les psychiatres donnent l'alerte

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Un an après le discours du président de la République préconisant une réforme de l'hospitalisation d'office (1), une circulaire relative aux modalités d'application des sorties d'essai des patients hospitalisés d'office, diffusée en catimini aux préfets (voir ce numéro, page 9), fait bondir les syndicats de psychiatres. Outil thérapeutique créé en 1838, la sortie d'essai, qui doit être autorisée par le préfet, permet de « voir comment la personne se comporte à l'extérieur pendant quelques heures ou plusieurs jours », explique Angelo Poli, président du Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP).

Mettant en avant leur responsabilité en matière de sécurité publique, la circulaire demande aux préfets de recueillir auprès des médecins davantage d'éléments « de nature à éclairer l'appréciation préfectorale sur les risques de troubles à l'ordre public » en cas d'autorisation de sortie. « Cela nous oblige, poursuit Angelo Poli, à donner des précisions qui touchent à la vie privée du patient ». Autre élément contesté : les préfets doivent désormais rendre leur décision dans un délai d'au moins 72 heures, ce qui ne permet pas de répondre rapidement à une demande. En outre, c'est « en contradiction avec le principe énoncé par la loi de 1990, qui requiert de statuer sans délai» », précise l'Union syndicale de la psychiatrie. Au final, ces consignes risquent d'« allonger la durée de séjour en hospitalisation d'office, de bloquer des lits et de ralentir le turn-over des patients », conteste Angelo Poli.

Derrière ce texte co-signé par les ministères de l'Intérieur et de la Santé, l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP) dénonce « le rôle d'auxiliaire d'un pouvoir normatif et sécuritaire » attribué à la psychiatrie publique, et refuse que les psychiatres des hôpitaux servent « d'alibis à la rétention de personnes dont l'état de santé réclame la sortie ». De même le collectif psychiatrie « La Nuit sécuritaire » s'indigne de la réduction « de la question des soins psychiques à un pur contrôle sécuritaire criminalisant outrageusement la maladie mentale ». Selon lui, à travers ce texte, l'Etat stigmatise les équipes de soins et s'autorise à restreindre les droits des patients. Si les syndicats n'ont pas été concertés pour l'élaboration de cette circulaire, ils espèrent qu'il n'en sera pas de même pour la réforme de la loi de 1990 régissant l'hospitalisation d'office, promise par le chef de l'Etat en décembre 2009.

Notes

(1) Voir ASH n° 2585 du 5-12-08, p. 17 et p. 41.

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