Accompagner les ruptures de parcours professionnels et favoriser les reconversions professionnelles, mais aussi faciliter les mobilités entre les métiers en repli et les secteurs exprimant des besoins de recrutement. Il s'agit là de trois priorités « dans un contexte de crise dont l'impact social se poursuivra au-delà de la reprise économique par un niveau élevé du chômage », contexte qui a conduit le gouvernement et les partenaires sociaux à dégager des solutions pour répondre aux besoins accrus de formation professionnelle des demandeurs d'emploi. Plusieurs mesures ont ainsi d'ores et déjà été prises en ce sens. D'autres sont prévues. Elles doivent permettre de former chaque année 200 000 demandeurs d'emploi et 500 000 salariés peu qualifiés supplémentaires, un objectif fixé par les partenaires sociaux dans un accord conclu début janvier 2009 (1). Un rapport rendu public récemment (2), rédigé sous l'égide de Jean-Marie Marx, directeur général d'Agefaforia (organisme paritaire collecteur agréé de l'industrie agro-alimentaire) et ancien directeur général adjoint de l'Agence nationale pour l'emploi, formule 18 propositions devant permettre de mieux utiliser les dispositifs existants pour l'atteindre.
Les besoins de compétences futurs n'étant pas tous identifiés, ni qualitativement ni quantitativement, il importe de mettre à profit cette période de moindre activité pour développer les compétences de base des demandeurs d'emploi et les compétences transverses mobilisables dans des situations professionnelles variées, insiste le rapport Marx. Concrètement, il suggère, entre autres, de « doubler le nombre de bénéficiaires de programmes d'acquisition des compétences clés et de lutte contre l'illettrisme » (3).
Par ailleurs, au-delà de la réponse à des besoins de compétences rattachés directement à des emplois existants, la politique d'achat de formation et l'offre de formation doivent s'adapter à cette nouvelle donne pour permettre aux demandeurs d'emploi de disposer de tous les atouts pour accéder et se maintenir dans les emplois de demain (services aux personnes, métiers réglementés de la santé dans le champ sanitaire et social...). Jean-Marie Marx recommande à cet effet de « prévoir structurellement des politiques glissantes d'achat mieux articulées à l'évolution de la situation économique et aux besoins des demandeurs d'emploi ». Dans la même veine, il propose de « substituer à une logique d'achat de stages normés une logique d'achat de dispositifs intégrant la différenciation des parcours en fonction des besoins des demandeurs d'emploi », demandeurs d'emploi qui doivent également pouvoir être les acteurs directs de leur retour à l'emploi. Pour cela, explique Jean-Marie Marx, leurs projets de formation doivent pouvoir s'intégrer dans les projets personnalisés d'accès et de retour à l'emploi, pour autant qu'ils correspondent à une réelle chance d'insertion sur le marché du travail ou de développement d'une activité. Concrètement, il s'agit de « favoriser une meilleure prise en compte de la formation des demandeurs d'emploi dans le cadre de leurs projets personnels de retour à l'emploi », donc de « soutenir les projets individuels de formation ».
Satisfaire les besoins de compétences des chômeurs suppose, en outre, de « favoriser le développement de la validation des acquis de l'expérience en informant sur cette démarche, lors du premier entretien, [ceux] disposant d'une expérience professionnelle ». Alors que pour satisfaire les besoins de recrutement des entreprises, le rapport Marx préconise d'« augmenter les entrées en formation, notamment dans le cadre des contrats de professionnalisation en dehors des périodes de rentrée scolaire ». Il invite aussi à « mettre en place la préparation opérationnelle à l'emploi » prévue par la loi « orientation-formation professionnelle » du 24 novembre 2009 (4), tout « [en maintenant] l'action de formation préparatoire au recrutement sur une période transitoire ».
Les demandeurs d'emploi doivent pouvoir bénéficier d'un accompagnement et d'une orientation vers la formation pertinente dans des délais compatibles avec leurs situations. Une meilleure efficacité des dispositifs d'orientation et d'accès à la formation doit ainsi être recherchée, souligne le rapport, qui insiste sur la nécessité de fluidifier le système.
Autre objectif affiché : sécuriser les parcours de formation. Pour cela, Jean-Marie Marx invite en particulier à « renforcer la mission d'orientation confiée à Pôle emploi en lien avec d'autres opérateurs ou réseaux ». Ce, en désignant le conseiller personnel dès les premiers mois de chômage pour les demandeurs d'emploi ayant un projet de formation, en en faisant le référent de l'ensemble de leur parcours...
Le rapport Marx invite aussi à « développer des prestations d'orientation spécifiques pour les projets de formation avec un besoin d'accompagnement au sein de Pôle emploi et/ou d'autres réseaux ».
Au-delà, les acteurs de la formation étant multiples et les compétences partagées entre l'Etat, les régions et les partenaires sociaux, l'instauration d'un système de confiance entre acteurs est, selon Jean-Marie Marx, une des conditions de réussite des propositions formulées. Dans le prolongement de cet axe de progrès, il convient aussi de renforcer les coopérations entre les différents protagonistes concernés. Pour cela, le rapport Marx suggère de « créer une cellule de coordination territoriale regroupant Pôle emploi, la région, les OPCA et le Fongecif ». Et d'« institutionnaliser une forme de coopération entre les OPCA et Pôle emploi », coopération qui irait « au-delà des enjeux de gestion financière ».
En outre, Jean-Marie Marx plaide pour la mise en place d'« un outil commun de pilotage des formations suivies par les demandeurs d'emploi » et pointe la nécessité d'« évaluer l'impact des dispositifs de formation ».
En conclusion, la formation des chômeurs constitue un objectif important durant cette période de transition. Selon Jean-Marie Marx, elle doit « marquer des inflexions par rapport à la période précédente, quasi exclusivement centrée sur l'accès rapide à l'emploi », et permettre à la fois aux demandeurs d'emploi de renforcer leurs compétences, d'évoluer et d'envisager des mobilités professionnelles, ce qui contribuera à sécuriser leurs parcours.
(2) La formation professionnelle des demandeurs d'emploi - Disponible sur
(3) Sur ces programmes, voir en dernier lieu ASH n° 2644 du 29-01-10, p. 6.