« Quand on a des dettes, on n'a pas le droit de manger de pizza/ Quand on a des dettes, on ne peut jamais aller au cinéma/ Quand on a des dettes, on ne peut pas faire d'excursion/ Quand on a des dettes, on ne s'achète pas de journal/ Quand on a des dettes, on ne prend pas le bus/ Quand on a des dettes, on n'a pas de loisirs/ Quand on a des dettes, on ne vous fait pas de prothèse dentaire/ Quand on a des dettes, on ne fait pas d'enfant... », chantent en choeur les cinq comédiens de Dehors peste le chiffre noir, spectacle à l'écriture vive, inventive et rythmée sur le thème du surendettement. L'auteure, Kathrin Röggla, s'est inspirée d'une série d'enquêtes qu'elle a menées pour saisir et représenter, entre onirisme et absurde, la réalité économique et sociale moderne du surendettement, ses conséquences, sa perception au sein de la société. Cela donne une pièce sans fil narratif, mais dotée d'une multiplicité de points de vue qui révèlent l'ampleur et la généralisation du phénomène ainsi que l'infinie variété des comportements humains face à l'argent. Une critique de la société de consommation à travers des tableaux vivants et colorés, rythmés par les sons de trois musiciens-bruiteurs : « On devient criminel sans s'en rendre compte. Mais le criminel, n'est-ce pas la banque et les liquidités qu'on m'offre ? », s'interrogent, en polyphonie, les personnages anonymes.
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Dehors peste le chiffre noir - Kathrin Röggla - 90 min - Jusqu'au 21 février au théâtre du Rond-Point, à Paris ; le 13 mars au centre culturel Robert-Desnos, à Ris-Orangis ; les 13 et 14 mai au théâtre Le Quai, à Angers - Texte du spectacle édité aux Presses universitaires du Mirail