Le nombre de personnes aidées par le Secours catholique a augmenté depuis le mois de juin 2009, les nouveaux venus représentant près du quart du public accueilli au mois de décembre. C'est dans les villes-préfectures et les zones rurales, où l'éloignement des services publics et le poids du budget « transport » sont des facteurs d'exclusion supplémentaires, que ces nouvelles aides sont le plus sollicitées. A la fin de l'année, la proportion de nouveaux publics y atteignait respectivement 30 % et 33 %. Tel est le bilan, alarmant, du baromètre mis en place par l'organisation caritative pour mesurer les conséquences de la crise économique dans son réseau. Pendant un an, l'outil a permis, sur la base d'une enquête par téléphone effectuée tous les deux mois auprès d'une centaine d'équipes locales, d'observer les évolutions ressenties sur le terrain. Il montre que la situation s'est sérieusement dégradée au second semestre, signe de l'amplification des conséquences de la crise sur les plus fragiles.
Au mois de décembre, 64 % des bénévoles s'attendaient à une augmentation des demandes, contre 46 % en juin. Ces prévisions concordent avec l'évolution de la confiance des personnes accueillies dans les dispositifs publics : au mois de décembre, elles étaient 51 % à se dire confiantes, contre 69 % en juin, « mois du lancement du revenu de solidarité active [RSA], qui a suscité de l'espoir », explique Dominique Saint-Marcary, responsable « Etudes et statistiques ». Un effet de courte durée, puisque ce niveau de confiance a ensuite chuté jusqu'à octobre, avant de se stabiliser. La proportion de ceux qui expriment une forme de « renoncement » est en revanche en constante augmentation : de 8 % en février, elle est passée à 24 % en décembre.
Les demandes d'aide alimentaire et financière (paiement de loyers, des factures d'énergie, transports) sont les plus fréquentes. « Beaucoup de familles orientées vers nous par les travailleurs sociaux sont mensualisées, commente Georges Binh Cirlot, délégué départemental du Secours catholique dans les Pyrénées-Atlantiques. Quand leurs ressources diminuent, une fois leurs charges réglées, le poste alimentaire devient la variable d'ajustement dans le budget. » Les jeunes, victimes de la dégradation du marché de l'emploi et du logement dans leur accès à l'autonomie, mais aussi du délitement des aides familiales, figurent parmi les plus touchés, aux côtés des familles monoparentales et des personnes âgées. En effet, les foyers vivant des transferts sociaux et de petites retraites voient leur pouvoir d'achat diminuer, notamment par la hausse des loyers. « On voit arriver maintenant les victimes de la crise alors qu'un million de personnes vont sortir de l'indemnisation du chômage en 2010 », s'alarme Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique. Dans ce contexte, « avec 8 millions de personnes en situation de pauvreté, on peut attendre que des politiques particulières soient mises en oeuvre », estime-t-il, suggérant par exemple, en cette période hivernale, une augmentation de l'aide au règlement des factures d'énergie.