La charrue avant les boeufs ? A la suite de la note adressée par la direction générale de la cohésion sociale à ses services déconcentrés (voir ce numéro, page 5), certains d'entre eux viennent de lancer des appels à projets pour la création au niveau de leur département du nouveau service intégré de l'accueil, de l'évaluation et de l'orientation (SIAO) des sans-abri et mal-logés, dont la création avait été annoncée en novembre (1). Une méthode vivement critiquée par la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), qui rappelle fermement la nécessité d'une concertation préalable avec tous les acteurs locaux concernés. « On imagine mal en effet qu'une association puisse être chargée d'un tel service sans diagnostic partagé, sans échange préalable avec les autres partenaires, sans l'élaboration d'outils de travail communs et sans définition de qui fait quoi en amont et en aval », souligne-t-elle dans la lettre qu'elle vient d'adresser à ses adhérents, mettant en garde contre les risques de concurrence engendrés par ces appels à projets. Elle leur enjoint donc de ne pas répondre isolément, mais d'interpeller les services de l'Etat pour leur faire des propositions concertées. « La mise en place de tels services implique que les opérateurs mutualisent leurs places, mettent à disposition des travailleurs sociaux, ce qui suppose qu'ils soient pleinement associés. Si leur création est vécue comme une injonction, un dispositif de plus imposé par le haut, l'effet sera inverse de celui recherché », avertit François Brégou, responsable du service « analyse stratégique et partenariats » de la FNARS.
La concertation préalable aurait d'ailleurs été utile, selon la fédération, pour définir les modalités de mise en oeuvre de ces services, celles arrêtées par la direction générale de la cohésion sociale étant jugées sur certains points trop rigides, sur d'autres insuffisantes. Elle regrette ainsi qu'au lieu de la notion souple de territoire, l'échelle départementale ait été retenue. « Ce n'est pas forcément le niveau pertinent qui peut être celui de l'intercommunalité, souligne François Brégou. Il ne faut pas figer les choses. » Par ailleurs, la FNARS juge que la note, en laissant la possibilité aux opérateurs locaux de décider s'il faut ou non un opérateur unique pour l'urgence et l'insertion, n'insiste pas assez sur la nécessaire fluidité des parcours et unification des deux secteurs. De même, le texte ne dit rien sur le statut de l'opérateur. « Faut-il opter pour le groupement de coopération sociale ou médico-sociale ?, s'interroge François Brégou. Le choix du statut est important pour garantir la complémentarité des acteurs. » La FNARS souligne encore d'autres lacunes comme la place du 115, « tout juste évoqué », dans les services intégrés, ou l'accompagnement social, qui n'est même pas mentionné. Enfin, la note maintient la scission avec le dispositif d'accueil des demandeurs d'asile - qui sont pourtant orientés de plus en plus vers le système général - en n'intégrant pas ses acteurs dans le SIAO. Autant de points qui auraient mérité que l'ensemble des acteurs se réunissent autour de la table, estime la FNARS. Elle rappelle d'ailleurs que la circulaire du 9 décembre 2009 sur l'élaboration des nouveaux plans départementaux accueil hébergement insertion (2) détaille les modalités de cette concertation.