Comment accompagner les personnes très âgées, fragilisées par un affaiblissement personnel et/ou parce que le tissu social autour d'elles s'est étiolé ? Par une prise en considération qui vise à préserver au mieux leur (relative) autonomie, répondent Michel Personne et Richard Vercauteren, spécialistes en gérontologie. L'accompagnement est une attention particulière à l'autre, qui nécessite une sensibilité spécifique à sa situation et à ses capacités, expliquent les auteurs. La condition d'une véritable rencontre entre aidant et aidé suppose de récuser l'idée de toute-puissance qu'aurait le professionnel sur la personne accompagnée, comme celle de totale dépendance à laquelle serait réduite cette dernière. Pour que des interactions puissent se développer entre les protagonistes - et que la personne âgée ne soit pas réifiée -, la qualité du regard que l'aidant porte sur elle est capitale. A contrario, Michel Personne et Richard Vercauteren soulignent que « la carence de contact est à l'origine de pathologies de la relation ». Diverses vignettes cliniques montrent ainsi le désespoir occasionné, chez des sujets âgés, par les comportements d'évitement de professionnels que l'angoisse conduit à esquiver un possible échange de regards. Ou, à l'inverse, la manière dont, par une « attention flottante et diffuse », les aidants peuvent reconnaître l'existence de tous et de chacun dans une salle où sont rassemblés plusieurs résidents. Au-delà des inéluctables transformations dues à l'avancée en âge, il existe une prévention du vieillissement pathologique « par des relations adéquates avec les autres vivants », affirment les experts.
Accompagner les personnes âgées fragiles. Formes et sens de l'accompagnement - Michel Personne et Richard Vercauteren - Ed. érès - 20 €