Quoi de neuf depuis 1954 ?

Elle. Elle mange sa soupe dans une assiette en plastique, assise par terre. Lui. Il s'est construit une baraque en tôle et attend, depuis longtemps déjà, un logement salubre. Les autres. Sous les ponts qui longent la Seine, ils déploient leurs tentes. A Paris, à Lyon, à Metz, à Saint-Denis-de-la-Réunion, au Brésil aussi, précaires et mal-logés ont été immortalisés pour l'ouvrage Elle, lui et les autres. Plus surprenant, le photographe est Eric Cantona. En passant plusieurs mois auprès des professionnels de la Fondation Abbé-Pierre, celui que l'on connaissait comme sportif et comédien a ramené de son périple 150 clichés en noir et blanc. Rencontres inattendues, visages croisés, situations d'exclusion intolérables : le livre qui les rassemble illustre les différentes dimensions de l'action de la fondation. Petit-fils d'immigrés espagnols réfugiés à leur arrivée en France dans le camp d'Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), Cantona a du mal à admettre que, « depuis l'appel de l'abbé Pierre à l'hiver 1954, des hommes, des femmes, des enfants continuent à coucher dehors ». Membre du Comité d'amis et de parrains de la Fondation Abbé-Pierre depuis son origine, son projet était « de photographier des personnes sans abri ou très mal logées, pour montrer leur détresse, dénoncer leurs conditions de vie, témoigner d'un scandale indigne de notre époque dans un pays aussi riche que le nôtre ». Finalement, ce livre va plus loin, puisqu'il montre aussi, dans les boutiques solidaires comme dans les dispensaires, les personnes que la fondation soutient, qu'elle accompagne, qu'elle sauve parfois.