La conférence inaugurale de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (1), qui s'est déroulée à Madrid le 21 janvier, a réuni l'ensemble des ministres et secrétaires d'Etat européens chargés de la question, ainsi que des associations, des travailleurs sociaux et des personnes en situation de pauvreté et de vulnérabilité (voir aussi ce numéro, page 23). Cela a été l'occasion pour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, d'appeler « à une mobilisation générale afin de réduire les taux actuels de pauvreté », qu'il a qualifiés d'« intolérables » (sur ces taux, voir ci-après). La présidence espagnole de l'Union européenne, par la voix de José Luis Zapatero, a présenté les quatre principaux objectifs de l'année 2010 :
« reconnaître le droit fondamental des personnes en situation de pauvreté et d'exclusion sociale à vivre dans la dignité et à participer activement à la société » ;
« agir en faveur d'une plus grande responsabilité collective et individuelle dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale » ;
« concourir à une société plus solidaire » ;
« inciter l'Union européenne et ses États membres à prendre des mesures concrètes pour confirmer leur engagement ».
Dans ce cadre, la présidence espagnole a indiqué vouloir encourager les programmes d'insertion active, les efforts supplémentaires en matière de lutte contre le chômage et toutes les mesures visant les publics exposés à la pauvreté.
Interrogé par les ASH, le commissaire européen à l'emploi (2), Vladimir Spidla, a présenté de manière plus concrète les conditions de sortie de la pauvreté. Selon lui, « trois éléments sont essentiels : un revenu minimum suffisant sans lequel les personnes ne peuvent participer à la société car elles sont préoccupées entièrement par la survie ; un marché du travail non discriminatoire, c'est-à-dire des critères de sélection à l'embauche basés sur les compétences et la motivation et non pas sur des stéréotypes ; des services sociaux individualisés répondant aux demandes particulières et acceptant les personnes telles qu'elles sont ».
Par ailleurs, il ressort clairement de la conférence que toute l'organisation de l'Année européenne 2010 est animée par la philosophie de la participation. Participation au niveau européen, par la collaboration entre les institutions européennes et les représentations nationales au sein d'un comité consultatif, mais aussi au niveau national, par la création d'organismes nationaux d'exécution qui ont mis en place un comité de pilotage composé des diverses parties prenantes - administrations, associations, syndicats et personnes en situation de pauvreté - afin de sélectionner des projets innovants et d'organiser les actions. En France, la mise en oeuvre du programme a commencé en juin 2009 avec un appel à projets lancé par la direction générale de l'action sociale. Sur les 600 projets déposés, 68 ont été sélectionnés et seront financés. D'autres seront en outre labellisés durant l'année.
A noter : la cérémonie d'ouverture française de l'année 2010 aura lieu le 18 février à la Cité internationale universitaire de Paris.
(2) Arrivé en fin de mandat, Vladimir Spidla doit être remplacé par le Hongrois Laszlo Andor à partir du 1er février - Voir ASH n° 2635 du 4-12-09, p. 19.