«Alors que son importance est de plus en plus grande pour le devenir social et professionnel des individus, l'organisation de l'orientation en France reste très fragmentée et peu compréhensible, et son efficacité difficile à mesurer. » Dans un rapport remis au Premier ministre le 19 janvier (1), Françoise Guégot, députée (UMP), dresse le constat très largement partagé des difficultés d'organisation de l'orientation en France. L'élue de Seine-Maritime formule surtout des propositions pour mettre en musique le service public de l'orientation tout au long de la vie prévu par la loi « orientation-formation professionnelle » du 24 novembre 2009 (2). Son travail vise aussi à « concrétiser le droit à l'information et à l'accès à des services de conseil et d'accompagnement en orientation de qualité organisés en réseaux », résume Matignon dans un communiqué.
Profitant de la remise du rapport de Françoise Guégot, François Fillon a fait un point d'étape sur l'avancement des actions déjà engagées par le gouvernement, notamment pour faciliter l'orientation et l'insertion des jeunes (expérimentation du livret de compétences dans toutes les académies dès la rentrée, déploiement progressif d'une centaine de plateformes locales pour les décrocheurs, renforcement, dès le premier trimestre, des moyens des missions locales...).
Au-delà de la poursuite de ces travaux, le chef du gouvernement a invité les ministres et leurs administrations à se mobiliser pour mettre en place le service public de l'orientation, annoncé par le président de la République lors de la présentation du plan « Agir pour la jeunesse » (3). Dans cette perspective, conformément aux préconisations de Françoise Guégot, il a annoncé le lancement d'une mission interministérielle pour définir avant la fin du mois de mars, dans un objectif de meilleure organisation de l'offre publique, le cahier des charges du service dématérialisé de première information et de premier conseil en orientation, accessible par Internet et par téléphone, gratuit et ouvert à tous les publics, tel que prévu par la loi sur la formation professionnelle de novembre dernier. Par ailleurs, à partir de la fin du mois de janvier, deux groupes de travail - le premier consacré aux établissements scolaires et de l'enseignement supérieur, le second à tous les autres services intervenant dans le champ de l'information, du conseil et de l'accompagnement - doivent être constitués et coordonnés par le délégué interministériel à l'orientation afin d'examiner les conditions de mise en oeuvre d'une démarche qualité pour tous les services de conseil et d'accompagnement en orientation, quelle que soit leur structure juridique.
Sur la base de ces premiers travaux, un comité de coordination de la réforme de l'orientation sera mis en place au cours du printemps pour associer l'ensemble des parties intéressées à la mise en oeuvre de cette réforme de l'orientation.
Pour Françoise Guégot, assurer l'orientation tout au long de la vie exige de « renforcer l'accès de tous à l'orientation, d'améliorer sa qualité et de mieux en coordonner les acteurs autour d'une véritable politique publique ». Cela suppose d'assurer l'indispensable continuité entre l'orientation, la formation et l'emploi, depuis l'école jusqu'aux différentes étapes de la vie professionnelle. Et donc, concrètement, de poursuivre l'effort de rapprochement entre l'école et le monde du travail et de créer un droit à l'information sur les débouchés pour améliorer la transparence et l'efficacité de la relation formation-emploi, notamment.
Assurer l'orientation tout au long de la vie nécessite par ailleurs, pour la députée de Seine-Maritime, de définir un langage commun aux différents orienteurs, un préalable à un renforcement partagé de leur professionnalisation. Comment ? En mettant en place aux niveaux national, régional et local des lieux d'échange et d'animation communs aux professionnels de l'orientation, avance-t-elle. Autres voies retenues pour y parvenir : établir une cartographie des pratiques et des actions des réseaux d'orientation, et renforcer la professionnalisation des orienteurs selon une logique partagée.
Par ailleurs, pour Françoise Guégot, il importe de garantir, quels que soient les publics et les statuts, un premier niveau de conseil personnalisé de qualité au sein d'organismes labellisés : en définissant des critères communs à tous les participants au label, gages de qualité et de visibilité du service public de l'orientation, d'une part, et en incitant les réseaux en place à participer à l'orientation labellisée, d'autre part.
Enfin, toujours selon l'élue, il convient de faire émerger une véritable politique d'orientation en renforçant la coordination des orienteurs au sein de l'Etat et avec ses partenaires.
(1) « Développement de l'orientation professionnelle tout au long de la vie » - Disponible sur