Selon une étude de l'Office européen des statistiques (Eurostat), rendue publique le 18 janvier à l'occasion du lancement officiel de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté (voir ci-dessus), 17 % des habitants de l'Union européenne (UE) restaient menacés par la pauvreté en 2008, ce qui signifie que leurs revenus après transferts sociaux se situaient en dessous du seuil de pauvreté (1). Entre 2005 et 2008, le taux de risque de pauvreté a été relativement stable, variant de 16 à 17 %, ce qui interroge sur les effets des politiques sociales. Les études statistiques montrent pourtant une certaine efficacité des transferts sociaux. En 2005, par exemple, ils ont permis de réduire le taux de pauvreté de la population de l'UE de 26 % avant transferts à 16 % après transferts.
Le risque de pauvreté, plus élevé chez les enfants et les personnes âgées (respectivement 20 % et 19 %), n'est pas forcément plus important dans les nouveaux Etats membres. S'il dépasse la moyenne européenne en Lettonie (26 %), en Roumanie (23 %) et en Bulgarie (21 %), c'est aussi le cas en Grèce et en Espagne (20 %). La France se situe dans la bonne moyenne avec un taux de 13 %, inférieur à celui de l'Allemagne (15 %) ou du Royaume-Uni (19 %).
Interrogé par les ASH, le commissaire européen à l'emploi, Vladimir Spidla, explique que « le taux de pauvreté n'est pas toujours lié à la richesse d'un Etat mais à l'efficacité de son système de protection sociale, comme c'est le cas en République tchèque où le taux de pauvreté est parmi les plus bas de l'Union européenne - 9 % - alors que ce pays ne compte pas parmi les plus riches d'Europe ». « Le taux mesurant le risque de pauvreté doit être largement nuancé, car il s'appuie sur le seuil de pauvreté, mesure extrêmement variable selon les Etats », observe de son côté Ludo Horemans, président du Réseau européen des associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (EAPN). Même si des progrès ont été réalisés, il n'est pas facile, selon lui, de comparer, par exemple, le pouvoir d'achat de la République tchèque avec celui de la France. Il milite donc pour une définition de nouveaux indicateurs de pauvreté afin de rendre les recommandations européennes plus contraignantes.
D'ores et déjà, certains indicateurs, comme le taux de privation matérielle, qui mesure la proportion de la population n'ayant pas les moyens de s'offrir certains biens ou services, permet de faire apparaître plus clairement des différences de niveau de vie. Ce taux regroupe neuf indicateurs, comme la possibilité de chauffer correctement son logement, de s'offrir un repas composé de viande, de partir une semaine en vacances hors de son domicile, ou encore de posséder une voiture. Selon Eurostat, en 2008, 17 % de la population de l'Union européenne se trouvait en situation de privation matérielle.
(1) Communiqué Eurostat n° STAT/10/10 du 18 janvier 2010.