Une fois de plus, les associations ont à déplorer la gestion saisonnière de l'accueil des personnes sans abri, malgré les réformes et les engagements pris par le gouvernement de travailler dans la durée. « A Paris, le dispositif hivernal, en place depuis le mois de novembre avec un renforcement ces derniers jours, accueille actuellement plus de 1 077 personnes », indique le collectif Les Morts de la rue. La démonstration, estime-t-il, de l'insuffisance de l'offre d'hébergement, que ce soit dans la capitale ou dans les autres villes, qui ont dû ouvrir des places supplémentaires en hôtel, dans des gymnases, dans les accueils de jour ou dans des salles municipales, vouées à la fermeture à la fin du mois de mars. Or, depuis la loi du 25 mars 2009 de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion, qui a modifié l'article 4 de la loi sur le droit au logement opposable (DALO), « toute personne accueillie dans une structure d'hébergement d'urgence doit pouvoir y bénéficier d'un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu'elle le souhaite, jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée », cette dernière devant être effectuée « vers une structure d'hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation ». Une disposition que le collectif Les Morts de la rue demande à l'Etat d'appliquer, ainsi que le principe de continuité inscrit dans le projet de refondation du dispositif d'hébergement et d'accès au logement annoncé en novembre dernier (1). Depuis le soir du 11 janvier, « des équipes de bénévoles ou de travailleurs sociaux [sollicitent] les personnes accueillies dans les structures d'hébergement d'urgence afin qu'elles expriment leur demande d'obtenir un hébergement adapté et puissent y demeurer en attendant une orientation leur garantissant une place pérenne dans l'un des dispositifs existants. Elles [peuvent] remplir un formulaire qui sera remis aux préfectures pour faire appliquer le DALO », explique Christophe Louis, président du collectif.
En 2009, plus de 358 personnes sont décédées dans la rue ou des conséquences de la vie dans l'errance, précise le collectif, qui organise, le 30 janvier, sa deuxième réunion « des proches en deuil de personnes qui vivaient dans la rue ». La démarche, qui prend la forme d'un groupe de parole en présence d'intervenants spécialisés, « répond à une demande des familles qui expriment un sentiment de culpabilité ou de travailleurs sociaux qui apprennent le décès de personnes qu'ils ont suivies », précise Christophe Louis. Avec un sentiment fort d'impuissance face aux dysfonctionnements persistants des politiques publiques.