Avec des missions d'ordre à la fois sanitaire, médico-social, social et éducatif, le centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP) est un « organisme pivot ». Ces missions « lui confèrent une position privilégiée à l'heure du renforcement de l'articulation sanitaire et médico-sociale impulsé par la prochaine mise en oeuvre de la loi portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires » du 21 juillet 2009. Telle est la conclusion d'une étude qualitative réalisée à la demande de la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) (1). Objectif : mieux connaître l'activité des CAMSP pour améliorer leur accessibilité dans le cadre du plan pluriannuel de création de places en établissements sociaux et médico-sociaux.
L'étude souligne « la diversité et la richesse » des actions conduites par les CAMSP, dues « tant à leur créativité, au développement de leurs compétences qu'à leur adaptation au territoire dans lequel ils s'inscrivent ». « Leur plasticité ainsi que leur capacité à nouer les partenariats pertinents est à noter comme gages de leur efficacité. » Les structures étudiées exercent l'ensemble des missions qui leur ont été attribuées par l'annexe 32 bis du décret de 1976 (2), à savoir : le dépistage et le diagnostic précoce des déficits ou troubles, la prévention ou la réduction des conséquences invalidantes de ces déficits, les soins, l'accompagnement et le soutien des familles lors du processus de révélation du handicap et dans la mise en oeuvre des soins et des actions éducatives requis par l'état de l'enfant ainsi que le soutien et l'aide à l'adaptation sociale et éducative. « Ces missions sont à considérer non comme juxtaposées, mais comme complémentaires et surtout comme interdépendantes et indissociables », souligne l'étude, qui plaide pour qu'elles « soient confirmées lors de la révision éventuelle des textes qui régissent les CAMSP ». Elle propose en outre de confier aux CAMSP deux missions supplémentaires, non directement destinées aux usagers. Ils pourraient ainsi exercer « de façon opportune » une fonction « ressource » auprès de leurs partenaires (activités de consultation, de bilan, de conseil, d'information et de formation) ainsi qu'une fonction d'observation.
Un autre atout des CAMSP est l'accès direct des publics concernés sans orientation délivrée par la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées. Selon l'étude, il faut non seulement maintenir cet accès direct mais aussi « favoriser si nécessaire une démarche proactive », c'est-à-dire aller au devant des populations qui pourraient bénéficier de l'offre des CAMSP, notamment dans les situations de grande prématurité et de précarité. Elle préconise également de maintenir une vigilance quant au délai entre le premier contact et l'accompagnement effectif des usagers.
« La qualité de l'offre [...] suppose une réponse de proximité, à la fois géographique et temporelle. La localisation, la desserte, la zone d'intervention [...] d'un CAMSP dans son territoire ne peuvent être réfléchies qu'en prenant en compte l'ensemble de l'offre en direction de la petite enfance en situation ou susceptible d'être en situation de handicap », souligne l'étude. Elle plaide également en faveur du déplacement des professionnels au domicile et dans les lieux fréquentés par l'enfant, ainsi que dans des lieux de consultation délocalisés, et appelle à privilégier le développement des ressources humaines du centre plutôt que la création d'équipes mobiles qui sont « moins propices à l'articulation des missions et rôles du CAMSP ». Autre constat : « tout renforcement ou complément de l'offre [...] nécessite la conduite d'un diagnostic territorial préalable » afin d'établir un équilibre entre les services sur la base de leurs compétences respectives. En conclusion, les CAMSP devraient être considérés comme une « priorité lors de l'élaboration des schémas d'organisation sociale et médico-sociale [...] tant les missions qu'ils exercent avec une telle plasticité et adaptation à leur territoire font d'eux un acteur préventif et un investissement au regard du développement le plus favorable des jeunes enfants en situation de handicap ».
(1) L'étude a été réalisée par le centre régional pour l'enfance et l'adolescence inadaptées de Rhône-Alpes auprès de 34 CAMSP situés dans huit départements et sept régions de métropole - Disp. sur
(2) Décret n° 76-389 du 15 avril 1976.