Réalisée entre les mois d'avril et de juillet 2009, une étude de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) et du conseil général de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux dresse un état des lieux de l'étendue de la pauvreté et de la précarité en milieu rural (1) et formule un certain nombre de propositions pour lutter contre ce phénomène.
Selon l'étude, le taux de pauvreté monétaire moyen dans l'espace rural - qui représente 60 % du territoire métropolitain et concentre 18 % de la population - était de 13,6 % en 2006, contre 11,3 % dans l'espace urbain. Toutefois, précisent ses auteurs, « s'il y a plus de pauvres en milieu rural, on y trouve aussi moins de personnes «extrêmement pauvres» » : en 2006, l'indicateur d'intensité de la pauvreté en milieu rural était de 16,9 %, contre 18,2 % pour l'ensemble de la population. Ce phénomène touche le plus souvent les jeunes et les familles avec des enfants et de faibles revenus d'activité. Les prestations sociales constituent alors une part significative de leur revenu (28,1 % en 2006), « mais moins importante que pour les ménages pauvres urbains » (35,3 %), constatent les auteurs, « ce qui renvoie probablement à un moindre accès des populations rurales à leurs droits ». Parmi ces prestations, ce sont en particulier les minima sociaux et les allocations logement auxquels les ruraux les plus démunis semblent avoir le moins accès. En outre, alors que la démographie du monde rural est devenue dynamique (2), l'emploi, lui, ne suit pas. Sont également pointées les insuffisances en matière de formation - pas adaptées ou peu diversifiées -, de logement, d'accès aux équipements et services, notamment dans les domaines sociaux et sanitaires. A l'origine de cette situation, le cloisonnement des interventions sociales et plus particulièrement des administrations publiques. « C'est donc une action partenariale qui s'impose », affirme l'IGAS, et « l'Etat a un rôle essentiel à jouer en tant que garant de la cohésion sociale au bénéfice du milieu rural ».
Au-delà d'une nécessaire analyse approfondie des situations (observation et définition d'objectifs), « le cadre de la réforme de l'Etat (3) doit permettre une mobilisation régionale et départementale des services déconcentrés » afin d'aborder la question de la précarité en milieu rural, explique le rapport. Dans cette optique, ses auteurs préconisent, dans chaque région, de mieux coordonner les organismes sociaux et d'organiser des assises du développement rural « afin de faire prendre conscience à tous de difficultés souvent «peu visibles» » et de rechercher la coopération de tous à une stratégie d'ensemble. Dans ce cadre, « l'intercommunalité de projets est à promouvoir », et l'ingénierie de développement économique et social soit à ce niveau, soit plus fréquemment à l'échelle du pays, qui peut soutenir les communautés de communes, doit être renforcée.
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(1) Pauvreté, précarité, solidarité en milieu rural - Septembre 2009 - Disponible sur
(2) Le taux d'accroissement moyen global y est de 0,7 % par an.
(3) Sur ce sujet, voir ce numéro, p. 28.