Kirsty et Gidéon, 15 ans, sont deux paumés d'une cité anonyme. Kirsty s'est installée dans le terrain de jeux - « un bac à sable plein de crottes », précise-t-elle -, tandis que Gidéon est le fils du nouveau gardien de l'immeuble. Avant, avec ses parents, il a vécu dans des squats ou avec des gens du voyage - « Je pourrais vivre n'importe où », avoue-t-il. Ils ne se connaissent pas, et pourtant ils s'observent depuis longtemps déjà. Ce n'est donc pas tout à fait un hasard s'ils se retrouvent, en cette froide nuit d'hiver, dans les locaux de l'ancien centre d'animation, laissé à l'abandon depuis que la mère de Kirsty, qui le faisait tourner, est morte. Chacun raconte à l'autre son histoire, ses peines et ses révoltes, à travers des répliques tantôt drôles, tantôt cinglantes. Les adolescents se mettent à rêver. Pourquoi ne pas faire revivre le centre en y montant des spectacles ? se demande Gidéon. Kirsty est plus dubitative : « Qui cela intéresserait dans cette cité ? Les habitants préféreraient qu'on ouvre un PMU ! » Avant tout, Fairy Tale Heart est un conte urbain, que Nicolas Guilleminot a adapté d'après l'oeuvre du Britannique Philip Ridley. Alors, quand les vieux cartons s'ouvrent pour laisser apparaître des fleurs multicolores, Kirsty et Gidéon s'inventent un royaume pour échapper à leur dure réalité.
Fairy Tale Heart - Compagnie La Servante - Jusqu'au 13 février, au théâtre Les Déchargeurs - 3, rue des déchargeurs - 75001 Paris - Du mardi au samedi, à 20 h - 22 €