Pourquoi cet appel à contributions ?
Il s'inscrit dans le prolongement des journées d'études de décembre 2008 (2) qui ont montré un grand besoin, chez les professionnels, de conceptualiser leurs pratiques, de définir leur savoir-faire et de le faire connaître. Notre démarche est à la fois interne et politique, puisqu'il s'agit aussi de nourrir le débat public. Le travail social est mal reconnu, davantage considéré comme un « enrobage » du dispositif auquel il est associé que comme une pratique professionnelle. Si l'on veut convaincre les décideurs des enjeux de l'accompagnement social, de sa plus-value en tant qu'outil de transformation individuelle et sociale, il faut être capable de lui assigner un contenu concret - que signifient le principe de continuité ? l'approche globale ? travailler avec certains publics spécifiques ? donner la parole aux usagers ? - et de mieux préciser ce que l'on en attend sur le plan individuel, collectif ou territorial. On verra ainsi qu'il ne s'agit pas de générosité et de bonne volonté mais d'un véritable savoir-faire qui mérite d'être reconnu. L'objectif est à la fois simple - c'est un travail d'explicitation - et ambitieux, car il vise à démontrer que l'accompagnement social n'est pas seulement un coût, mais qu'il est aussi un investissement.
L'accompagnement social ne se limite pas à l'action des travailleurs sociaux...
Nous avons retenu cette notion pour désigner un socle commun aux interventions sociales traversant l'ensemble des activités de la fédération. Nous voulions aussi soutenir l'idée, développée par le Conseil supérieur du travail social, qu'il faut accompagner une personne en s'associant à elle, en se servant d'elle comme d'un levier. Ce terme remet à nos yeux le sujet au centre de nos préoccupations, en introduisant l'idée que l'accompagnement apporte à la fois un fil rouge dans la durée et une prise en charge globale.
Les réflexions sur le sujet sont légion...
Il y a un décalage entre les grands principes, sur lesquels on est tous d'accord, et leur mise en oeuvre. La FNARS, par exemple, a défini depuis longtemps le principe de non-abandon, c'est-à-dire de l'accueil inconditionnel. Mais beaucoup d'établissements qu'elle fédère en sont encore loin. Le constat est le même s'agissant de la mise en oeuvre du schéma de refondation de la prise en charge des sans-abri, qui se heurte à des effets de système, à des résistances. Comment les différentes dimensions de l'accompagnement social peuvent-elles s'exercer dans la rue, dans les structures de l'insertion par l'activité économique (IAE), dans les centres d'hébergement, dans les lieux d'accueil de jour, dans le logement ou dans l'emploi ? Quels problèmes d'organisation, de mobilisation des ressources, de financements ? L'idée est de réfléchir aux conséquences pratiques des grands principes que nous défendons pour bâtir des outils qui rendent leur application possible et visible.
Les politiques publiques mettent-elles à mal ces principes ?
Tous les dispositifs sociaux ont une tendance naturelle à exclure les plus en difficulté. Actuellement, les indicateurs d'évaluation retenus pour les structures de l'IAE privilégient le retour à l'emploi. Le risque est donc de sélectionner les publics. Autre exemple, la sous-traitance de l'accompagnement des demandeurs d'emploi par Pôle emploi concerne seulement pour le moment les personnes les moins en difficulté. La mise en oeuvre du RSA distingue l'accompagnement social et l'accompagnement professionnel de manière artificielle, ce qui risque d'aboutir à des « effets ping-pong » entre les conseils généraux et Pôle emploi au détriment d'une prise en charge globale. Qu'attend-on dans ce contexte du travail social ? Sa valorisation pose la question des critères de son évaluation, mais aussi du non-recours. Il est très frappant, dans un système fondé sur la demande, de constater les taux très importants de non-recours à la CMU, au DALO ou au RSA. Là encore, l'idée d'« aller vers » est acquise, mais reste théorique.
(1) Informations sur
(2) Organisées sur le thème « Le travail social sert-il encore à quelque chose ? » - Voir ASH n° 2597 du 20-02-09, p. 30.