En deux mois, 2 200 personnes vivant dans des bidonvilles en Ile-de-France ont été « jetées à la rue en plein hiver », s'alarment 24 organisations (1). Malgré l'indignité de leurs conditions d'habitat, « c'est bien de «leur domicile» » qu'elles ont été évacuées, estiment-elles. Elles jugent ces expulsions « inhumaines et scandaleuses » à l'heure où le plan grand froid est activé et que des solutions pour mettre à l'abri les plus précaires sont mises en place. Sans compter qu'aucune solution adaptée n'a été proposée à ces personnes, qui se retrouvent « sans autre perspective que l'errance ». En attendant que des solutions dignes et adaptées soient proposées par les pouvoirs publics, « il est urgent que la trêve hivernale des expulsions locatives protège toutes les personnes en grande précarité » (2). C'est d'ailleurs ce qu'ont affirmé les tribunaux de grande instance de Lyon et de Pontoise les 16 et 20 novembre dernier en rejetant des demandes d'expulsion de bidonvilles faites par des institutions (conseil général du Rhône, Agence des espaces verts d'Ile-de-France et direction interdépartementale des routes d'Ile-de-France). Les associations exigent donc la suspension immédiate de toute nouvelle expulsion. Elles demandent par ailleurs au préfet de région, responsable de la mise à l'abri des personnes à la rue, d'organiser une table ronde régionale réunissant les préfets de département, les élus et les associations pour trouver ensemble des solutions de sortie des bidonvilles, « en termes d'hébergements et de logements dignes et durables, adaptés aux parcours et aux projets individuels de chaque famille, qui reposent sur l'implication solidaire de toutes les collectivités locales franciliennes ».
(1) ASAV, ASEAT, ASFR, Aurore, Cimade, Comité d'aide médicale, Romeurope, Association Emmaüs (75), FAPIL, Fnasat, Fondation Abbé-Pierre, France terre d'asile, Habitat Cité, Hors la rue, Ligue des droits de l'Homme, Emmaüs France, Médecins du monde, MRAP, Parada France, Secours catholique, Solidarité nouvelle pour le logement, Sud Education, Rue et Cités, Uravif.
(2) En octobre, une pétition ayant recueilli 4 000 signatures et demandant que la trêve hivernale s'applique également à l'habitat mobile a été remise à Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement, par l'Association nationale des gens du voyage catholiques et plusieurs associations.