Recevoir la newsletter

LIVRE

Article réservé aux abonnés

RÉSISTANCE À LA CONGÉLATION CARCÉRALE. Qu'il soit envisagé sous l'angle de l'indigence de son contenu et de son niveau de rémunération, ou de celui de ses conditions d'exercice exorbitantes du droit commun, le travail pénitentiaire - qui n'est plus obligatoire depuis 1987 - semble tout avoir d'un supplément de peine. C'est son absence, pourtant, qui cause les plus gros dégâts. Peu nombreux à être inactifs par choix, les détenus se voient majoritairement condamnés à l'oisiveté, du fait de la pénurie d'emplois, et ce désoeuvrement a des effets ravageurs, expliquent les auteurs de cet ouvrage percutant. Tous les quatre sont bien - et différemment - placés pour proposer ces édifiantes « vues de prison » : Dominique Lhuilier est chercheure en psychologie du travail et enseignante en milieu carcéral ; Patrick Bellenchombre, qui est incarcéré, a l'expérience du travail dans un atelier en maison centrale et il a réalisé une recherche universitaire sur le travail en prison ; Rémi Canino est psychologue dans un établissement pénitentiaire ; enfin, le compositeur et musicien Nicolas Frize, responsable du groupe de réflexion « prisons » de la Ligue des droits de l'Homme, fournit et organise, intra muros, des activités de restauration d'archives sonores. Enrichies par plusieurs témoignages de détenus, leurs contributions s'accordent à montrer l'importance capitale du travail pénal, à la fois pour « cantiner », pour reconquérir une certaine autonomie et comme moyen de faire passer le temps plus vite, c'est-à-dire de faire moins de prison, puisque le temps est l'unité de compte de la peine. Si le travail est un outil de « résistance à la «congélation» carcérale », l'inactivité forcée, a contrario, contribue à une « altération du rapport à la réalité, aux autres et à soi-même », souligne Dominique Lhuilier. La société ne pourra pas faire l'économie d'une réflexion collective sur le sens et la symbolique de la peine, comme le fait observer Nicolas Frize. S'agit-il de procurer au détenu « une souffrance «méritée», et donc vécue par lui comme une malveillance organisée » ? Inutile, alors, d'escompter une quelconque réparation sociale. Mais si la mise en souffrance du détenu n'est pas la pierre angulaire de la peine, comment comprendre qu'il y ait tant de personnes incarcérées inoccupées alors que la privation de travail ne fait pas partie de la sanction pénale ?

Le travail incarcéré. Vues de prison - Dominique Lhuilier, Patrick Bellenchombre, Rémi Canino et Nicolas Frize - Ed. Syllepse - 15 €

CULTURE

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur