Recevoir la newsletter

L'enfant, le bagne et le journaliste

Article réservé aux abonnés

Livres, affiches, journaux, extraits audio et vidéo... Une masse d'archives illustre l'évolution du discours médiatique sur l'incarcération des enfants durant près de deux siècles. A voir à Savigny-sur-Orge.

« Le scandale des bagnes d'enfants : une honte ! », titre en novembre 1934 le quotidien Paris-Soir. Ce n'est que le début d'une série d'articles signés Alexis Danan, condamnant les maisons de correction. Durant l'entre-deux-guerres, tous les journaux à grand tirage se focalisent sur ce sujet « croustillant ». Les romans et films de fiction prenant fait et cause contre les bagnes d'enfants - dont Le coupable, de Raymond Bertrand (1936), et Prison sans barreaux, de Léonide Moguy (1937) - succèdent aux feuilletons. Pourtant, jusque-là, les médias critiquaient peu ces institutions qui, telle la Petite Roquette, véritable ruche pénitentiaire parisienne, enfermaient les enfants dans des conditions innommables. Après 1945, cette médiatisation prend un nouveau tournant avec l'émergence de la télévision. Si le sujet titille les journalistes de la Radiodiffusion-télévision française (RTF), les critiques sont rares, la communication officielle chantant, sans aucune nuance, les louanges de la réforme et la réussite des établissements de rééducation. C'est à une analyse détaillée du discours médiatique sur les institutions de justice de 1820 à aujourd'hui que se sont livrés les historiens et muséologues du centre d'exposition Enfants en justice. « Bagnes d'enfants. Campagnes médiatiques XIXe-XXe siècle » se décline sur un mode chronologique, avec six grandes sections : « 1820-1880 : la Petite Roquette, débat d'experts » ; « 1880-1914 : émergence d'une médiatisation » ; « Entre-deux-guerres : haro sur les bagnes d'enfants » ; « Les années 50 : vive la réforme » ; « Les années 70 : tout est bagne d'enfants » et « Les années 2000 : www.bagnes denfants.info ».

Pour chaque période, outre de nombreuses images d'archives, des fac-similés de unes de journaux, des livres, des affiches - « Mieux vaut des éducateurs en nombre que des jeunes à l'ombre ! », peut-on lire sur l'une d'elles - et des extraits audio et vidéo, deux personnages représentatifs de l'époque sont mis en avant via une biographie et un résumé de leur positionnement par rapport à l'enfermement. On retrouve ainsi, au XIXe siècle, les débats d'experts entre l'historien Alexis de Tocqueville et l'inspecteur des prisons Louis Mathurin Moreau-Christophe ; les portraits de l'écrivain François Coppée et du caricaturiste Maurice Radiguet pour la période 1880-1914 ; ou encore le grand reporter Alexis Danan et Jacques Prévert, pour son poème La chasse à l'enfant, à l'entre-deux-guerres. Vient compléter cette très belle exposition un montage de films de cinéma critiquant les institutions pour mineurs.

Pour Jean-Pierre Valentin, directeur de l'Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) - auquel est désormais rattaché le centre Enfants en justice -, cette exposition prend tout son sens dans le contexte contemporain d'intense médiatisation de la délinquance des mineurs : « Les éducateurs PJJ ont longtemps été formés à se taire. Aujourd'hui, on leur demande avant tout de communiquer », note-t-il.

« Bagnes d'enfants. Campagnes médiatiques XIXe-XXe siècle » - Jusqu'au 26 mars 2010, au centre d'exposition Enfants en justice - Ferme de Champagne - Rue des Palombes - 91605 Savigny-sur-Orge - Uniquement sur rendez-vous - Tél. 01 69 54 24 14 - veronique.blanchard@justice.fr - www.bagnesdenfants.info

CULTURE

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur