« Il était une fois Grand-Pouce et les trois fées. » Ça commence comme un conte... Avis, pourtant, à ceux qui aiment les histoires qui finissent bien : les Terribles Récits ordinaires de Suzanne Joux retracent huit parcours de toxicomanes. Huit séjours en famille d'accueil de personnes qui souhaitent sortir de leur addiction en réintégrant la vie dite « normale ». Huit histoires d'hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes, porteurs d'espoir mais aussi de grandes déceptions. Suzanne Joux est éducatrice spécialisée à Point Virgule, un centre de soins spécialisé pour les personnes toxicomanes, à Grenoble, qu'elle a ici rebaptisé « la maison des soins ». Avec son regard fantaisiste, elle relate ses expériences vécues avec des personnes placées en famille d'accueil ou en hébergement thérapeutique et qu'elle a accompagnées. Dans son ouvrage, les animaux parlent, les lieux d'accueil se nomment « L'auberge-musicienne » ou « Vieux-Hameau » et les protagonistes ont été rebaptisés Filou, Enamorée ou Ailleurs, mais ils n'ont pas tous tiré un trait sur l'utilisation de substances nocives. Est-ce parce que, « souvent, ils ont des comportements d'adolescents comme s'ils restaient fixés à cette période de leur vie où ils ont commencé à se droguer et où ils se sont mis en suspens », que Suzanne Joux a choisi de raconter ces fractions de vie sous forme de contes ? A travers ses récits, elle a surtout voulu « conjurer l'écho de désespérance que leurs trajectoires pouvaient produire sur elle », écrit-elle dans la seconde partie de l'ouvrage, Parole d'éducatrice, où elle analyse les spécificités de son travail et exprime sa considération pour les familles accueillantes.
Terribles récits ordinaires, suivis de Paroles d'éducatrice - Suzanne Joux - Ed. Thot -