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Un enquête révèle les multiples traumatismes de l'excision

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Quelles sont les conséquences de l'excision ? Les femmes mutilées n'éprouvent pas seulement des difficultés dans leur vie sexuelle et affective mais souffrent également de problèmes de santé chroniques. Dans ce contexte, il est nécessaire d'agir au niveau de la prévention et de la prise en charge des femmes mutilées, défendent les chercheurs de l'Institut national des études démographiques (INED), qui ont conduit l'enquête « Excision et handicap ». Destinée à mesurer les lésions et traumatismes liés à cette pratique et à évaluer les besoins en chirurgie réparatrice (1), l'étude, la première du genre, a été menée entre 2007 et 2009 auprès de 2 882 femmes adultes migrantes ou filles de migrants dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI) et les hôpitaux de cinq régions françaises (2). Sur le territoire, elles seraient 53 000 adultes excisées (3) mais la pratique serait en diminution, aussi bien en France que dans le pays d'origine (essentiellement l'Afrique subsaharienne). Dans l'Hexagone, quand les femmes excisées ont des filles, 11 % d'entre elles sont excisées. Ce taux tombe à 3 % pour les filles nées en France, où la pratique est illégale. Mais pour 30 % des fillettes de moins de 15 ans nées de mères excisées, le risque de mutilation persiste. En effet, questionnées sur leurs intentions, 15 % des familles affirment ne pas avoir arrêté leur décision et 15 % pensent qu'un risque subsiste de la part des grands-parents si l'enfant rentre au pays.

Les femmes excisées souffrent pourtant des conséquences physiologiques de l'intervention : elles éprouvent « souvent » ou « toujours » des troubles urinaires (10 %) et une sur dix est gênée au quotidien pour marcher et porter des pantalons. Enfin, à caractéristiques sociales égales, les femmes excisées sont plus nombreuses à déclarer des symptômes de mal-être. Mais c'est dans le domaine de la sexualité que les difficultés sont les plus marquantes : brûlures vaginales (13 % contre 6 % pour les femmes non excisées), absence de désir sexuel (23 % contre 14 %)... L'enquête montre que les femmes sont nombreuses à faire spontanément le lien entre leur excision et leurs troubles sexuels. Même si la sexualité reste un sujet intime et délicat à aborder pour ces femmes migrantes, elles sont en demande d'écoute et d'information sur ces questions. Plus de la moitié des enquêtées connaissent l'existence de la chirurgie réparatrice. 20 % des femmes se disent intéressées, principalement pour améliorer leur sexualité et, dans une moindre mesure, pour retrouver leur intégrité féminine ou pour des raisons de santé.

Notes

(1) Enquête soutenue par l'Agence nationale de la recherche, la direction générale de la santé, l'Institut de démographie de l'université Paris-1 et l'INED - Disponible sur www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/fiches_actualite/mutilations_sexuelles_feminines_france/.

(2) Haute-Normandie, Ile-de-France, PACA, Pays-de-la-Loire et Nord-Pas-de-Calais.

(3) Estimation réalisée en 2004 à partir de données de l'INSEE et d'enquêtes de prévalence menées dans les pays africains.

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