DE RETOUR EN ENFANCE BLESSÉE. Agés de 25 à 60 ans, 13 adultes accueillis pendant tout ou partie de leur enfance et adolescence par la direction de l'action sanitaire et sociale (DASS) - l'aïeule de l'aide sociale à l'enfance (ASE) - se confient. Comment ces « enfants de la DASS » ont-ils vécu leurs placements ? Accompagnés par Jean-Louis Mahé, psychologue clinicien dans une institution de l'ASE du Val-de-Marne, Marc, Amélie, Françoise et les autres font un retour sur leur passé. En fonction de ce qu'ils ont subi dans leur famille, et « en fonction, aussi, de ce que des hommes et femmes, professionnels ou non, leur ont offert comme appui, leur devenir a pris différents chemins », souligne en préface Maurice Berger, pédopsychiatre. De fait, dans tous ces parcours de vie, la question de la « bonne rencontre » est centrale. Qu'elle ait eu lieu à 6 ans, à l'adolescence ou plus tard, qu'elle se soit produite en établissement, chez des parents « nourriciers », à l'école ou ailleurs, cette rencontre « qui permet de tisser une relation solide avec soi-même et son environnement » est souvent le socle d'un nouveau départ, explique l'auteur. Pour ces enfants et adolescents blessés - qui, grâce à leur prise en charge, ont pu grandir à l'abri du pire -, la « maison mère » a globalement réussi son travail de socialisation, estime Jean-Louis Mahé. Est-ce pour rendre ce qu'ils ont reçu que nombre d'entre eux sont devenus soignants ou éducateurs ? Ces choix professionnels témoignent, en tout cas, d'un mouvement en miroir, d'une quête de leur reflet, commente le psychologue. Adultes, les intéressés retournent ainsi vers leurs territoires d'enfance.
L'ombre des origines. A la rencontre d'anciens de l'aide sociale à l'enfance - Jean-Louis Mahé - Ed. Albin Michel - 20 €