En 1980, les structures d'hébergement qui accueillent en urgence les femmes sont rares, et celles qui permettent de préserver la cellule familiale, de prendre le temps de la réflexion et d'être conseillées par un avocat, encore plus. Pour combler ce manque, le service d'accueil d'urgence (SAU) Stuart Mill, à Versailles (Yvelines), ouvre cette année-là ses portes aux femmes seules ou accompagnées d'enfants en situation extrême.
Educatrice spécialisée de formation, Monique Blocquaux a participé à la création de plusieurs structures d'accueil pour adolescents et adultes en rupture sociale et familiale, dont le SAU. Dans La vie sans toit, elle raconte le parcours de Suzy, battue par un mari jaloux et qui parvient, un jour, à rejoindre le service, et celui de Michelle, mère de sept enfants, mariée à un homme « imprévisible ». Michelle qui, difficilement, reconstruit une vie familiale hors du domicile. L'auteure évoque également les histoires de sans-abri chroniques, quand, en 1985, le SAU se dote d'une « Boutique », un espace d'écoute, qui reçoit aussi les pères violents, les jeunes en errance, les migrants, et devient un véritable observatoire des formes que prend la pauvreté en France dans les années 1990 et 2000. Certains rechutent, se suicident, mais d'autres font preuve d'une vitalité surprenante.
Se dispersant quelque peu mais dotée d'une belle plume, évitant les clichés, privilégiant la description et les images, Monique Blocquaux distille dans son ouvrage une énergie qui donne envie de la suivre.
La vie sans toit. Mais une vie quand même - Monique Blocquaux - Ed. L'Harmattan - 22 €