Quelques jeunes Afghans venus glaner des informations ou un peu d'aide, qui finissent par arborer, comme le reste de la foule, la couverture de survie distribuée pour symboliser la détresse des personnes à la rue. Des sans-logis s'entretenant de la procédure du DALO (droit au logement opposable) sur un stand du Secours catholique abritant un « jeu de l'oie », illustration de « la course au logement privé »... Comme eux, entre 12 000 et 15 000 personnes - mal-logés ou sans-abri, militants associatifs, mais aussi beaucoup de citoyens ordinaires - se sont rassemblées place de la Bastille, à Paris, lors de la deuxième « nuit solidaire » organisée le 27 novembre par les 31 membres du Collectif des associations unies pour le logement. Egalement déclinée dans sept villes de province, dont Marseille, Lille, Lyon, Toulouse et Strasbourg, l'événement s'inscrivait dans une étape nouvelle de la lutte contre le mal-logement : inviter le grand public à relayer la parole associative auprès des pouvoirs publics. Car, faute d'être entendues, les associations du secteur se résolvent à recourir à de grandes opérations médiatiques auxquelles elles étaient étrangères il y a peu. Elles n'ont de cesse de répéter, en effet, que, malgré les orientations récemment décidées par le secrétariat d'Etat au logement pour la mise en place d'un « service public de l'hébergement et de l'accès au logement », les réponses ne sont toujours pas à la hauteur, en particulier sur le front de la prévention et de l'offre de logements. Pour preuve, les engagements fixés par la loi sur le DALO du 5 mars 2007 peinent à être respectés : fin septembre 2009, sur 34 876 ménages reconnus prioritaires par les commissions de médiation (parmi 114 480 dossiers déposés), seulement 16 228 avaient été relogés ou hébergés.
Les associations entendent multiplier ainsi les événements pour donner de la visibilité au mal-logement. Tandis que le DAL (Droit au logement) organisait « le premier rassemblement des oubliés du DALO » le 2 décembre à Paris, la Fondation Abbé-Pierre veut enfoncer le clou en renouvelant une « opération coup de poing » le 9 décembre dans la capitale. « J'ai du mal à comprendre qu'il n'y ait pas plus de mobilisation des élus sur cette question. C'est un phénomène de société prégnant qui devrait mobiliser », s'est étonné le député (UMP) des Yvelines Etienne Pinte, venu apporter son soutien à la « nuit solidaire ». Même si beaucoup de propositions de son rapport de 2008 sont restées lettre morte, certains tentent tout de même de s'emparer du sujet. Plusieurs organisations, dont le DAL et l'Association pour les habitants de logements éphémères ou mobiles et pour un habitat choisi (HALEM), soutiennent une proposition de loi du député Noël Mamère (Gauche démocrate et républicaine), qui devait être présentée à l'Assemblée nationale le 3 décembre, pour notamment développer des formes d'« habitat solidaire », accorder des droits aux personnes résidant dans un habitat éphémère et améliorer la procédure de réquisition.