Les « états généraux de l'enfance » et leurs objectifs tels qu'annoncés par Nicolas Sarkozy le 20 novembre dernier (1) continuent de susciter de vives réactions. Rejoignant ATD quart monde et l'ANAS (Association nationale des assistants de service social), l'ONES (Organisation nationale des éducateurs spécialisés) souligne « les profondes contradictions » entre les objectifs affichés, parmi lesquels une piste très contestée : l'amélioration de la transmission de l'information préoccupante « pour éviter que le nomadisme de certaines familles ne leur permette d'échapper au contrôle et à la surveillance des services sociaux ». La prévention de la maltraitance et le soutien aux familles supposent au contraire « une approche neutre et bienveillante », réaffirme l'ONES, faisant valoir que « le type d'approche centré sur la méfiance renforce celle des familles ». Le mouvement MP4-Champ social proteste aussi contre cette perspective sécuritaire : « Le travail social est réduit au mieux à un rôle de panseur des plaies, au pire à un rôle d'auxiliaire de police. »
Egalement très critique, Défense des enfants International (DEI)-France fustige « la définition des droits de l'enfant » donnée par le président de la République et la secrétaire d'Etat chargée de la famille : « une vision qui nous ramène à la fin du XIXe siècle, réduite aux droits des enfants maltraités à être protégés contre leur famille ». Ce n'est pas celle donnée par la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), pointe l'association, qui appelle en premier lieu l'Etat à assumer ses propres responsabilités. A savoir, cesser « d'adopter des lois dont certaines dispositions sont contraires à la CIDE », particulièrement en matière pénale, de commettre des « violences intolérables » à l'égard de certaines catégories d'enfants, notamment les étrangers. DEI-France demande aussi de mettre en oeuvre le fonds de financement de la protection de l'enfance et des politiques efficaces en matière de lutte contre la pauvreté. « Des états généraux de l'enfance, pourquoi pas ? Mais à certaines conditions », défend DEI-France. Selon l'organisation, ces derniers devraient être organisés non pas sur la base des orientations restrictives annoncées, mais sur celle « des engagements de la France au titre de la CIDE », en tenant compte des observations du comité des droits de l'enfant de l'ONU adressées à la France en juin 2009, avec tous les partenaires - dont les travailleurs sociaux, toutes les associations concernées, l'école, les services médicaux et les familles - et dans l'esprit « d'en faire émerger un grand projet-cadre pour une politique globale cohérente en faveur de l'enfance dans ce pays ».