Très loin de Kaboul

Ils sont jeunes, toujours très calmes. En petits groupes, ils attendent. Quoi exactement ? Pourquoi errent-ils ainsi dans la rue ? Ils ont droit à l'asile, non ? Au square Villemin, à Paris, la « reporter-blogueuse » Sabrina Kassa, spécialisée dans les questions migratoires, sert de fil conducteur pour aller à la rencontre de ces exilés afghans. Deux journalistes du site Internet de Télérama, Pierrick Allain et Thierry Leclère, ont suivi cette habitante du quartier afin de réaliser leur BD-reportage, soit six petites minutes qui racontent comment vivent ces jeunes et ce qu'ils font de leur journée dans ce « Petit Kaboul ». « Nous voulions parler de ce qui se passe dans ce square, mais opter pour la vidéo, comme nous en avons l'habitude, nous semblait trop violent. Parfois, les images peuvent mettre ces exilés en danger », précise Pierrick Allain. Il s'installe alors avec son carnet de dessins dans le square, pour réaliser une série de croquis qui laissent toute leur place aux sons et paroles recueillis. Trois épisodes de la bande dessinée En maraude avec les exilés afghans de Paris sont déjà en ligne : le premier réalisé au printemps dernier, le deuxième, cet été, et le troisième, début novembre. Dans ce dernier, le micro est ouvert à Jean-Michel Centres, bénévole du Collectif de soutien des exilés du XX^e, qui consacre ses soirées à aider les réfugiés. 18 h 30, la nuit tombe. Sous le métro aérien, la distribution de soupe commence...

Certaines photos ne pourront néanmoins jamais être remplacées par des dessins. C'est pourquoi le Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples (MRAP) a choisi de présenter une exposition de « photographies qui se passent de commentaires ». Son titre est percutant : « Permis de chasse en Europe ». Elle regroupe trente images tirées du travail de trois photographes militants, Elisabeth Cosimi, Olivier Aubert et Olivier Jobard, entrepris entre 2002 et aujourd'hui, à Paris, à Calais et en Grèce, au camp de Patras. Présentées dans les locaux de l'association jusqu'au 11 décembre dans le cadre de la Semaine de l'égalité, ces photographies sont destinées à sensibiliser le public au sort des exilés afghans. On les voit dormant sur les ponts du canal Saint-Martin, en file d'attente pour la distribution alimentaire, malmenés lors du démantèlement de la jungle de Calais, enterrer sommairement l'un des leurs... « On aurait aimé présenter l'exposition sur les grilles du square Villemin, où tous le soirs dorment quelque 150 Afghans. Cela n'a pas été possible », regrette Jean-Michel Centres, également membre du MRAP.