«La troisième force du paysage de l'aide à domicile est née », se félicite Jean de Gaullier, le tout nouveau président délégué d'Adessa/A Domicile Fédération nationale (1). Approuvée à 95 % par les assemblées générales extraordinaires des deux réseaux le 19 novembre, la fusion des deux fédérations, annoncée en mai dernier et effective au 1er janvier prochain, modifie le paysage de l'aide à domicile. Derrière l'UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles) et l'Union nationale ADMR (Association du service à domicile), les deux mastodontes (2), la nouvelle fédération, forte de ses 450 associations et organismes à but non lucratif et de 40 000 salariés et 165 000 personnes aidées (hors SSIAD), assure une présence dans la quasi-totalité des départements. Au niveau national, elle espère ainsi peser dans les discussions avec les pouvoirs publics et « être force de propositions », à un moment où le secteur est particulièrement secoué - problème aigu de financement des associations, mise en place de la loi « hôpital, patients, santé et territoires », négociations en vue de la création de la convention collective unique (voir ci-après). Au niveau local, des délégations régionales seront créées, « de façon à prendre toute notre place dans les régions et à être représentés au sein des agences régionales de santé », explique Jean de Gaullier. L'enjeu est également de pouvoir mieux répondre à la nouvelle procédure des appels à projets.
Décidée à être un acteur politique avec lequel il faut compter, la nouvelle fédération s'appuie sur un champ de services élargi, puisqu'elle couvre désormais l'ensemble des services aux personnes, fragiles ou non. Alors que le réseau A Domicile est composé en majorité d'associations d'aide aux familles et des services de soins infirmiers - la première association « Aide aux mères » date de 1920 -, Adessa est plus présente sur l'aide aux personnes âgées et handicapées. Cette fusion s'inscrit en fait dans la continuité de l'histoire des deux fédérations, qui a été rythmée par des regroupements successifs. A Domicile est née en 2005 de l'union de la Fédération nationale d'aide et d'intervention à domicile et de l'Union nationale des associations coordinatrices de soins et santé. Quant à l'Adessa, elle a été créée en 2001 pour rassembler la Fédération nationale d'aide à domicile aux retraités et la Fédération nationale d'aide familiale à domicile.
Cette fusion permettra « d'élargir la gamme de services et de répondre à tous les besoins de la population », revendique Jean de Gaullier. Et ce dernier de citer certains services destinés au grand public déjà créés par les associations : crèches à horaires atypiques, hospitalisation à domicile, garde-malade de nuit... A noter qu'Adessa consacre 15 % de son activité aux services de « bien-être » (entretien de la maison, garde d'enfants...) et qu'elle est partenaire de l'enseigne Handéo, la plateforme spécialisée de services aux personnes handicapées (3).
Au-delà des enjeux stratégiques, Jean de Gaullier insiste aussi sur les « valeurs communes » qui animent les deux fédérations, en particulier « l'importance de la qualité et la professionnalisation des équipes ». Les deux réseaux organisent déjà des formations communes pour les directeurs. Reste maintenant à construire cette nouvelle organisation : un conseil d'administration paritaire doit être constitué début janvier.
(1) La nouvelle fédération s'installe dans les locaux actuels d'Adessa : 3, rue de Nancy - 75010 Paris - Tél. 01 44 52 82 82.
(2) L'UNA compte 1 200 structures et 800 000 personnes aidées, l'ADMR rassemble 3 250 associations et accompagne 585 000 personnes.
(3) Créée par l'APF, l'APAJH, la Fegapei, la Fondation Paul-Guinot, l'Unaftc, l'Unapei et la mutuelle Integrance.