Elles sont arabes ou africaines, européennes ou domiennes, encore de là-bas, mais déjà d'ici. Elles, ce sont les femmes du collectif Quelques-unes d'entre nous, né au sein de la maison des Tilleuls, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), lors des émeutes de novembre 2005. Des femmes « dans le mouvement du monde », « en Nomadie », ce territoire imaginaire qu'elles présentent dans une exposition. Trouver sa place dans un nouveau quartier, des repères dans un nouveau pays, se retrouver avec d'autres, changer le monde et éduquer ses enfants, repartir sur de nouvelles bases, revenir dans son pays natal... Sur des panneaux mêlant photos, chiffres et témoignages, apparaît en filigrane une « appartenance nomade », entre un ici et des là-bas juxtaposés sans distinction : l'Aïd dans la famille de Sabrina, Fatima en visite de courtoisie dans son village de Kabylie, une représentation à Bruxelles de la pièce Le bruit du monde m'est rentré dans l'oreille, premier projet du collectif(1), Colette à l'accueil de la maison de quartier, une collecte de fruits dans un verger de Besançon, etc. Selon la photographe Joss Dray, l'exposition retrace « cinq ans d'histoires intimes » : « Il n'est pas question d'immigration mais des gens, du mouvement qu'ils créent et de l'énergie qu'ils diffusent. » Si le collectif permet aux femmes de sortir de leur condition sociale de mère, au foyer ou au travail, et d'agir sur le monde, il offre aussi une chaleur revigorante, quand les maris nouent des relations au travail et les enfants, à l'école. Difficultés, contradictions, bonheurs partagés et grandes victoires, les identités plurielles de ces « habitantes du Blanc-Mesnil, une ville française de la banlieue de Paris » sont explorées sans fard ni détour, avec la juste dose d'humour et une pudeur touchante.
Parcours de femmes en Nomadie. Des chemins de migration - Du 30 novembre 2009 au 8 janvier 2010, au Blanc-Mesnil (93) ; du 12 janvier au 12 février, à Nantes (44) ; début mars, à Plaisir (78) - Rens. : Johanna Terzian (IMA/unité action éducative) Tél. 01 40 51 39 12 -
(1) Voir aussi ASH n° 2613 du 12-06-09, p. 44.