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PROFESSIONNELS EN ÉMOI. « Prenez du recul », « gardez de la distance », bref, « soyez professionnels »... Ce genre d'injonctions sous-entend que « le professionnalisme est associé [...] à la maîtrise des affects et des émotions », font observer les psychanalystes Pascale Mignon et Christian Nain, maîtres d'oeuvre de cet ouvrage collectif. Or, s'il est un secteur où la sensibilité ne peut rester au vestiaire, c'est bien celui de la petite enfance. Comme le bébé, le professionnel aussi est une personne. « Et une personne influente, de surcroît, qui, du coup, se doit d'avoir conscience de ses influences, de ce qui l'influence ou de ce qui l'a influencée », estime Martine Maurice, éducatrice de jeunes enfants. De fait, on ne travaille pas avec de jeunes enfants, ni avec des parents, sans être renvoyé à sa propre enfance et à sa relation, présente ou passée, à ses parents, explique Anne Fonsagrive, qui a créé un jardin d'éveil à Paris. La question n'est donc pas d'être affecté, mais de pouvoir mettre ses émotions au travail, développe Marina Stéphanoff, psychologue et psychanalyste. Certains sentiments sont évidemment plus dérangeants que d'autres. Il en est ainsi de la haine, qui est tue car elle n'est pas « professionnellement correcte », souligne Fabienne Lefoll, psychologue en crèche. Cependant, comme la tendresse, la violence qui agite les professionnels doit aussi pouvoir se dire, pour éviter la souffrance qu'engendrent ses débordements. Mais si essentiels soient-ils, ces temps d'élaboration collective des ressentis de chacun sont parfois réduits à la portion congrue - voire totalement inexistants, pour qui travaille isolément.