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Santé mentale : le Conseil d'analyse stratégique souligne le « rôle clé des acteurs non sanitaires »

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«Au même titre que la santé ne se restreint pas à l'absence de maladie physique, la santé mentale ne se limite pas à l'absence de trouble psychique ou de maladie mentale. » Dans un rapport remis à la secrétaire d'Etat chargée de la prospective le 17 novembre (1), le Conseil d'analyse stratégique (CAS) dresse un état des lieux de la santé mentale en France. Et formule une série de recommandations pour « faire rapidement évoluer des approches de la santé mentale encore trop réactives, fragmentées ou sectorielles, strictement sanitaires ou médico-sociales ».

Le Conseil d'analyse stratégique appelle à distinguer trois dimensions de la santé mentale : les troubles mentaux ; la détresse psychologique ou souffrance psychique, qui traduit un état de mal-être qui n'est pas forcément révélateur d'une pathologie ou d'un trouble mental et qui correspond à la présence de symptômes anxieux et dépressifs peu intenses liés à des situations éprouvantes et à des difficultés existentielles ; la santé mentale positive au sens d'un « bien-être mental » dont les différentes formes sont le désir de réalisation, la résilience aux difficultés ou la capacité de rebond, l'empathie et la capacité à se lier avec autrui. Face à cette conception de la santé mentale, le CAS estime que la responsabilisation de l'ensemble des acteurs (personnels soignants, pouvoirs publics, employeurs, enseignants, associations, particuliers...) est la « voie la plus souhaitable » à la fois pour garantir une amélioration significative et pour « ne pas faire peser un poids excessif sur les finances publiques ».

Il est « plus judicieux » de privilégier un « panel de diverses mesures sectorielles » à une « politique unique » en santé mentale, ce d'autant plus que « la France peut s'appuyer sur un certain nombre de politiques publiques déjà existantes, même si non pensées initialement dans ce but », explique le CAS.

La responsabilisation des acteurs dans le cadre de ces politiques bénéficierait notamment aux jeunes générations. C'est pourquoi une première série de préconisations vise à « doter chaque jeune d'un capital personnel » pour lui permettre un « bon départ dans la vie ». Outre la mise en oeuvre de modes de garde du jeune enfant « de qualité » et d'actions de soutien à la parentalité, le Conseil d'analyse stratégique recommande de « développer les compétences cognitives, émotionnelles et sociales lors de la scolarité ». Selon lui, « l'école est un espace privilégié pour répondre aux besoins de santé mentale des jeunes et pour favoriser leur épanouissement ». Il appelle à inclure dans l'approche éducative un ensemble de compétences psychosociales, définies par l'Organisation mondiale de la santé comme la capacité d'une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. Or, dénonce-t-il, « le système éducatif français insiste toujours sur les savoirs académiques et délaisse les autres compétences psychosociales à la charge de la famille, de l'environnement immédiat ou des médias ». Par ailleurs, les difficultés que rencontrent les jeunes à l'adolescence et lors de l'entrée dans l'âge adulte (mauvaise orientation, échec universitaire, difficulté d'insertion professionnelle...) et qui ont une répercussion sur leur état de santé psychologique seraient des « souffrances évitables ». Afin de « rendre les jeunes plus responsables d'eux-mêmes tout au long de leur vie, en diminuant le poids de la formation initiale par rapport à la formation continue sur leur destin personnel », il plaide en faveur de la réorientation, des années de césure et des formations professionnalisantes. Il propose également d'assurer l'indépendance financière des jeunes pendant leurs études grâce à un prêt à remboursement contingent au revenu (2), un dispositif « plus aisé à mettre en oeuvre que les prêts aidés ou les dotations en capital ». D'autres recommandations visent à promouvoir la santé mentale au travail et à permettre un « vieillissement heureux et actif » (emploi des seniors, logement intergénérationnel...).

Le Conseil d'analyse stratégique rappelle par ailleurs que « nous ne sommes pas tous égaux en santé mentale » et que « certaines populations semblent plus particulièrement vulnérables ». « Extrêmement hétérogènes puisqu'elles regroupent aussi bien les sans-abri que les détenus, les chômeurs ou les immigrés, [ces populations] ont toutefois en commun une vulnérabilité spécifique » qui se caractérise par une précarité relationnelle. « Agir sur les facteurs de vulnérabilité les plus précoces est une priorité », indique le CAS. Il propose ainsi notamment de généraliser les stratégies préventives qui visent à gérer la « période charnière » de la fin de la prise en charge par l'aide sociale à l'enfance.

Notes

(1) La santé mentale, l'affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de la vie - Novembre 2009 - Disponible sur www.strategie.gouv.fr.

(2) Dans ce système, les modalités de remboursement prévoient des annuités croissantes avec le revenu de l'emprunteur, exigibles uniquement dans les périodes où ce revenu dépasse un certain seuil.

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