De quelle façon la maladie psychique pèse-t-elle sur une famille ? Comment vivre à côté d'un enfant, d'un frère, d'un parent que l'on aime, mais qui terrifie tout le monde ? Ce documentaire s'immisce tout d'abord dans la vie de la famille de Corentin, maniaco-dépressif de 15 ans, et montre comment la souffrance du malade rejaillit et se déverse sur ses proches. Quand il n'est pas en proie à des accès de violence et ne casse pas tout dans la maison, cet adolescent passe ses journées devant les jeux vidéo. Pour sa mère, c'est un moindre mal : « Au moins, il est à l'abri du monde extérieur, où il pourrait commettre le pire. » Sa soeur, de deux ans son aînée, est accablée par la maladie de ce frère qui refuse de se soigner : « Si mes amis ne lui plaisaient pas, il sortait un couteau pour les menacer. » Isolée, dépitée de ne pas avoir eu un frère « normal, avec qui sortir », elle a déjà fait deux tentatives de suicide. Puis la caméra suit Maryvonne, dont la fille schizophrène est à l'hôpital depuis qu'elle a frappé sa grand-mère et essayé d'étouffer sa mère. « On attend le drame avant d'agir », regrette cette dernière, lors d'un groupe de parole à l'Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam), où elle tente, comme la famille de Corentin, de trouver un soutien.
Ce film souligne également les limites de la médecine face à la maladie mentale, le manque de lits dans les services de psychiatrie et les « externements abusifs » qui en découlent. En dépit de la fragilité de son état, on rend vite un malade à ses proches - au bout de vingt-neuf jours, en moyenne -, malgré l'enfer quotidien vécu par les familles.
La morsure de la folie - Olivier Pighetti - 50 min - Sur France 2, jeudi 26 novembre, à 23 h 15