DE LA VIGILANCE ÉTHIQUE. Qu'il faille adapter son comportement aux personnes que l'on accompagne est une évidence. Mais quand, du fait de handicaps multiples, de démences du grand âge ou des souffrances de fin de vie, ces personnes semblent inaccessibles à la communication, l'attitude à adopter est alors loin d'être évidente. Pour aider à la penser, Sylvie Pandelé, psychologue clinicienne, directrice d'une maison d'accueil spécialisée et accompagnatrice bénévole en soins palliatifs, donne à méditer des textes d'une grande subtilité. Emanant de soignants, de professionnels du médico-social et de spécialistes des sciences humaines, ces contributions invitent à faire en sorte que les personnes accompagnées, si dépendantes et/ou déconnectées du monde soient-elles, « se sentent exister en tant que personnes dans notre regard » d'aidants, souligne Elizabeth Zucman, présidente d'honneur du Groupe Polyhandicap France. A cet effet, il convient de s'extraire de la « gangue du réel », qui conduit aux gestes automatiques et aux paroles stéréotypées, et de « soutenir l'illusion » des capacités relationnelles de ceux qui sont les plus retirés en eux-mêmes, développe Philippe Chavaroche, formateur en travail social. Ce pari de la relation implique de résister à la tentation de faire de cet autre un « Tout-Autre », et d'accepter de ne plus comprendre, mais de se laisser interpeller et toucher, estime Valérie Lavergne, infirmière en service de gériatrie. « Au seuil de ces situations extrêmes, quand il n'est plus possible de rétablir ou de guérir, explique le sociologue Tanguy Châtel, l'accompagnement cesse d'avoir un but. Il devient le but. » Ainsi, selon Sylvie Pandelé, la « vigilance éthique » aura pour fonction de veiller au maintien de la personne en grande vulnérabilité dans la communauté des humains.
Accompagnement éthique de la personne en grande vulnérabilité - Ouvrage collectif coordonné par Sylvie Pandelé - Ed. Seli Arslan - 21,50 €