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Les syndicats de la PJJ veulent une sortie de crise rapide

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Les réponses au malaise qui traverse la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), mis sur la place publique avec la tentative de suicide, le 15 septembre dernier (1), de la directrice départementale de Paris, s'avéreront-elles suffisantes ? Les déclarations de la garde des Sceaux et du directeur de la PJJ sur la poursuite des réformes en cours - recentrage sur l'activité pénale, réorganisation territoriale et restructurations des services éducatifs - suscitent des réactions mitigées de la part des organisations syndicales. Le ministère et l'administration ont confirmé leur souhait d'assouplir le rythme des restructurations et d'améliorer le dialogue social (voir ce numéro, page 12), mais la demande conjointe de la CGT-PJJ, du Syndicat national des personnels de l'éducation et du social (SNPES)-PJJ-FSU et du Syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse (SPJJ)-UNSA d'un moratoire sur les réformes n'a pas été entendue. « C'est juste un changement de ton, déplore Carlos Lopez, membre du bureau national du SNPES-PJJ. Nous souhaitions au moins discuter des conséquences des restructurations déjà mises en oeuvre et des projets à venir. Il n'y a pas de réflexion sur le fond, la direction de la protection judiciaire de la jeunesse ne déroge pas à sa feuille de route idéologique. » La CGT-PJJ exprime les mêmes réserves : « S'il y a évolution, c'est plus sur la méthode que sur le fond. La PJJ continuera d'être la variable d'ajustement du ministère », commente Alain Dru, son secrétaire général.

S'il avait lui aussi réclamé une « pause » dans les réformes, « non pas pour demander leur abandon mais pour disposer des éléments du débat », le SPJJ-UNSA a le sentiment que « les choses bougent ». « Une réunion nationale est prévue début décembre, afin que les directeurs interrégionaux présentent aux organisations professionnelles leurs budgets opérationnels de programme et les restructurations au niveau infra-régional, précise Laurent Hervé, secrétaire général de l'UNSA-SPJJ. Nous espérons une concertation qui permettra aux syndicats de participer au projet. » La mise en place de l'observatoire des relations sociales et des conditions de travail annoncé par la DPJJ, poursuit-il, ne doit pas empêcher par ailleurs l'administration « d'apporter des réponses immédiate à la crise ».

Car cette dernière est profonde. Après la diffusion d'un courrier intitulé « Rompre l'isolement » le 21 septembre, dans lequel il invitait les cadres à prendre la parole, le SPJJ-UNSA a collecté plus de 100 témoignages de cadres fonctionnels, territoriaux, directeurs de services et d'établissements. Autant de messages qui reflètent leurs inquiétudes, leurs attentes et leur sentiment d'isolement face aux restructurations, aux mutations et aux suppressions de postes. Tous font état d'un stress ambiant, voire d'une véritable souffrance générée par le manque de visibilité sur des changements qui touchent pourtant aux fondements de l'institution, l'emballement des réformes et l'insuffisance d'accompagnement des cadres. Les courriers évoquent la « perte de valeurs sur lesquelles se fondent les choix [des] métiers éducatifs », un « management efficace froid, productif et soucieux de la rentabilité », un « tsunami où l'on ne sépare plus le bon grain de l'ivraie » ou encore la « disqualification, le mépris, la déclassification, la négation [des] savoir-faire ».

Le 15 octobre, la directrice départementale de Paris, Catherine Kokoszka-Garbar, adressait elle-même un témoignage de 11 pages sous forme de « participation à une réflexion collective » au syndicat, dont elle est adhérente (2). « Mes idéaux, ma conception de la République, du bien commun, de l'intérêt général, des missions de la PJJ, m'ont paru de plus en plus en complète contradiction avec ce qui m'était demandé, explique-t-elle après sa tentative de suicide. Non pas parce que ces consignes me paraissaient déraisonnables mais parce que l'accélération des transformations en un temps trop court mettait à mal la mission éducative de l'institution et produisait de la maltraitance institutionnelle. » La directrice sollicite un changement dans le pilotage des réformes et des méthodes managériales, soulignant qu'« un projet stratégique national n'est rien s'il n'est pas accompagné d'un plan d'organisation programmatique clairement énoncé et régulièrement évalué et réajusté ». Il en va, prévient-elle, de l'avenir de la protection judiciaire de la jeunesse, et, par là même, du maintien de ses missions auprès des jeunes en difficulté.

Notes

(1) Voir ASH n° 2625 du 25-09-09, p. 14.

(2) Disponible sur http://pagesperso-orange.fr/unsa.spjj.

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