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Une violence très ordinaire

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En 2008, en France, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. Un drame encore tabou, que dénoncent, chacun à sa façon, un album de bande dessinée et un reportage sur Public Sénat.

Un récit à deux voix. Celle d'une femme, et celle de son mari, qui la bat. Chacun raconte la situation telle qu'il la vit. C'est son mari, elle l'aime. Lui l'aime aussi. Alors une petite gifle, quand on aime, est-ce que ça compte ? Ne s'est-elle pas mariée pour le meilleur et pour le pire ? Assis dans un canapé, ils évoquent les moments clés de leur vie conjugale : la rencontre sur les bancs de la fac, le mariage, lui qui gagne bien sa vie, elle qui reste à la maison... où le ménage doit être fait et le dîner préparé pour le retour de son époux fatigué. Une harmonie, peut-être. Mais qui se brise le jour où, excédé par une collègue du sexe « faible », le mari se venge sur sa femme en la cognant. L'horreur s'installe alors au quotidien. Selon lui, tout va bien. D'ailleurs, sa femme n'a pas l'air de se plaindre, même quand il la force pour faire l'amour. « Mon homme, je le connais, je sais qu'il est comme ça, je sais ce qu'il me fait subir. Je sais aussi ce qu'il m'apporte. Je préfère cent fois un homme qui m'aime, qui me désire, qui me le prouve à chaque instant... même si les caresses sont accompagnées de gifles... à un homme effacé et sans passion », se justifie-t-elle, couverte d'ecchymoses, auprès de sa meilleure amie. Mais un jour, elle se décide à porter plainte pour « violence volontaire sur conjoint »... au plus grand étonnement de celui-ci ! Bien que les personnages à physionomie animale dessinés par James donnent un ton léger à cette bande dessinée, l'artiste a su peindre toute la brutalité de cette relation, de la première gifle au viol conjugal. Un constat que Sylvain Ricard a d'abord rédigé pour une adaptation au théâtre, après avoir lu un rapport d'Amnesty International sur les femmes battues.

SOLIDARITÉ FEMMES, à Besançon, et SOS FEMMES, à Marseille, sont des lieux où les victimes de violences conjugales peuvent trouver refuge. Pour le documentaire Un silence assourdissant, diffusé sur Public Sénat, la journaliste Marion Lary a posé sa caméra au sein de ces associations qui proposent des permanences téléphoniques, des groupes de parole et des places d'hébergement pour les victimes

. Les travailleurs sociaux et les militants y dressent un état des lieux de la situation, et retracent l'historique de leurs actions, des premières campagnes - « Il vous bat, battez-vous » - à la reconnaissance, en 2006, du viol conjugal comme un crime. « Le combat continue », témoignent-ils. L'un d'eux, intervenant dans les lycées, s'inquiète même : « Je crains que la violence conjugale n'ait encore de beaux jours devant elle. »

(1) Lire aussi notre reportage page 28.

A la folie - Sylvain Ricard et James - Futuropolis - 20 €

(1)

Un silence assourdissant - Marion Lary - 52 min - Sur Public Sénat, le 16 novembre à 18 h 30 et, suivi d'un débat, le 21 novembre à 22 h, le 22 novembre à 18 h, le 29 novembre à 9 h et le 30 novembre à 10 h 3 0

CULTURE

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