Regards dans le lointain

Ibrahima a fait une croix sur son pays natal, la Guinée. Une croix sur ce qu'il a vécu là-bas. La vie est devant lui, en France. L'étudiant contestataire est devenu peintre en bâtiment. Pour l'instant. Car, pour Ibrahima, la vie recommence, comme une seconde naissance. L'homme fixe l'objectif d'Arsa, pour qui « le portrait est un instrument de recherche, un moyen d'investigation au coeur de l'identité, de sa place dans la société et de la notion de mémoire personnelle ». « Visages d'exil » est une exposition de portraits d'hommes et de femmes ayant séjourné au centre international de la Cimade, à Massy (Essonne), entre 1998 et 2002. Près de 200 photographies en noir et blanc ont été réalisées. Une quarantaine d'entre elles, accompagnées de textes écrits par Patrick Puchot, ancien directeur de la Cimade à Massy, constituent l'essence de l'exposition. Mais Arsa, photographe d'origine serbe, qui a lui-même résidé au centre de 1987 à 1991, avait un projet encore plus ambitieux. Pour « Destins d'exil », il a enquêté et recueilli des récits de vie auprès d'une source plus large : les réfugiés ayant séjourné à Massy depuis 1964. Partis de leur pays hier ou il y a vingt, trente ou quarante ans, ils sont venus seuls ou en famille. Qu'en est-il de leur histoire ? Quel regard portent-ils sur ce pays qui les a accueillis et sur celui dont ils ont été chassés ? Quel a été leur parcours ici ? « L'objectif est d'arriver à comprendre le vécu de l'exil et la réalité d'une nouvelle vie dans le pays d'accueil, à travers les succès comme les échecs, ainsi que de lutter contre les préjugés », précise-t-il. A travers l'approche chronologique de l'exposition, l'artiste espère rendre visible l'évolution des profils et des statuts de réfugiés politiques, et mettre en avant les difficultés d'insertion dans la société. Les deux expositions sont proposées dans le cadre du festival Migrant'scène 2009, organisé du 13 au 29 novembre par la Cimade dans toute la France.