En 1975, l'association des mots « handicap » et « psychique » aurait probablement fait bondir, tant le social et le sanitaire étaient clairement séparés. « Au nom du bien du patient, naturellement », commente Jean-Pierre Arveiller, psychologue clinicien dans un secteur de psychiatrie générale, l'un des contributeurs de ce riche ouvrage coordonné par Gérard Zribi et Thierry Beulné. Aujourd'hui, la thérapeutique n'a plus le pas sur les questions d'insertion dans la cité : le malade s'est réapproprié sa maladie, et son projet de vie englobe le projet de soins proposé par les psy. Sous les auspices de ce « terme hybride, voire monstrueux, de «handicap psychique» », les cartes se redistribuent donc autrement, souligne Jacques Sarfaty, psychiatre hospitalier. Il s'agit d'articuler les étayages, sans se renvoyer les échecs de prise en charge. Tel est, par exemple, l'objectif des formations « action sociale-santé mentale » organisées à Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis), qui sont destinées à des professionnels du social et du médico-social ainsi qu'à des acteurs intervenant dans le domaine du logement et de l'insertion professionnelle. De fait, la variabilité ou l'intermittence des troubles, caractéristiques du handicap psychique, nécessitent de croiser les approches pour ajuster les réponses à l'évolution des besoins. Dans le monde de l'entreprise, les médecins du travail ont, à cet égard, un rôle-pivot. Les docteurs Michèle Botbol, Sylvie Jaugeat et Catherine Simonnet-Trucy en témoignent, montrant comment elles peuvent intervenir pour favoriser le maintien dans l'emploi de salariés présentant un handicap psychique. Ces derniers sont loin de constituer des cas isolés : les affections psychiatriques sont l'une des pathologies qui remettent le plus souvent en cause l'aptitude au poste de travail, explique la sociologue Claire Le Roy-Hatala.
Les handicaps psychiques. Concepts, approches, pratiques - Sous la direction de Gérard Zribi et Thierry Beulné - Ed. Presses de l'EHESP - 25 €