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Le Secours catholique étudie « la pauvreté au féminin »

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Après la pauvreté des enfants l'année dernière (1), le Secours catholique consacre son rapport 2008 (2) aux femmes, souvent des mères, qui frappent à la porte de l'organisation. « Elles sont les piliers des familles, et font souvent plus d'efforts que les hommes pour aller chercher de l'aide. On se rend compte que l'énergie pour s'en sortir est plus féminine », indique Bernard Schrick, directeur « action France » au Secours catholique. En 2008, elles représentent en effet 54 % des adultes rencontrés (contre 45 % d'hommes) et sont « frappées de plein fouet par la pauvreté ». Alors qu'elles occupent souvent des emplois précaires (temps partiels, interim, emplois saisonniers), elles ont fait partie des premières victimes de la dégradation du marché du travail qui a suivi le déclenchement de la crise économique fin 2008. Le rapport montre qu'elles vivent de plus en plus seules (six femmes rencontrées sur dix) et que le taux de familles monoparentales accueillies, proche de 30 %, est 3,4 fois plus élevé qu'au sein de la population française. Alors qu'une petite majorité a un emploi (53,5 %), nombre d'entre elles restent à la maison pour garder leurs enfants. Cependant, si ces derniers pèsent sur l'activité professionnelle des femmes, ils favorisent le lien social et leur présence déclenche une plus forte aide des services sociaux. « Les enfants sont autant un frein pour chercher un emploi qu'un vecteur d'insertion sociale », explique Bernard Schrick. Les mères seules développent ainsi des liens vers l'extérieur, rencontrent plus régulièrement les administrations locales, le monde de la santé, l'école... Par ailleurs, le Secours catholique relève que la plupart d'entre elles leur sont adressées par les services sociaux, ces derniers étant « plus attentifs aux familles avec enfants ». La présence d'enfants permet souvent aux femmes de vivre dans un logement moins précaire que les hommes, d'autant que les mères isolées sont prioritaires pour l'accès au logement social.

Ces constats ont permis à l'association de distinguer cinq formes de « pauvreté au féminin ». Ainsi, parmi les plus jeunes, celles qui ont des enfants (27 % des femmes accueillies) bénéficient de logements plus stables et de ressources faibles mais régulières, tandis que les jeunes femmes précaires sans enfant (6 %) sont victimes d'une « extrême pauvreté » (logement insalubre ou surpeuplé, sans aucune ressources, rupture familiale). Contrairement aux plus jeunes, les mères seules âgées de plus de 40 ans, troisième type de pauvreté féminine identifié, sont rarement à la recherche d'un emploi, leur inactivité étant souvent liée à des problèmes de santé (handicap, maladie physique ou psychique) et 42 % ne vivent que de transferts sociaux. Leur niveau de vie est souvent inférieur à 600 € par mois et 70 % d'entre elles sont endettées. Ainsi, pour ces femmes, « la pauvreté est ancrée dans la durée et aux difficultés financières viennent s'ajouter les problèmes de santé et l'isolement », précise l'étude. Si le niveau de vie des femmes en couple avec enfant(s) âgées de 25 à 40 ans est le plus élevé de l'ensemble des familles, il reste faible, et le moindre incident (accident, maladie...) les fait basculer dans la pauvreté. Sans compter que ces familles sont souvent surendettées. Enfin, 30 % des femmes reçues par l'association n'ont pas d'enfant, parmi elles, la moitié ont plus de 50 ans et n'ont plus d'enfants au foyer. Souvent sans activité professionnelle pour cause d'invalidité ou parce que la retraite est proche, et très exposées à la solitude, « elles ont autant besoin de créer du lien social que de recevoir une aide financière ». Là encore, le premier contact avec le Secours catholique se fait très souvent par l'intermédiaire des services sociaux. « Ce qui nous frappe, c'est que les femmes peuvent vivre l'une après l'autre chacune de ces étapes de vie de misère », précise Bernard Schrick.

Face à ces constats, le Secours catholique formule plusieurs propositions, en particulier pour favoriser l'emploi des femmes. Cela passe d'une part par un accès prioritaire à des modes de garde collectifs et à des activités extra-scolaires. Il s'agit d'autre part de développer les efforts et la qualité d'accompagnement vers l'emploi et la formation des femmes moins qualifiées. Pour venir en aide aux plus jeunes femmes, le Secours catholique propose aussi d'élargir le « complément de ressources », dans le cadre du revenu de solidarité active (RSA) (3), à tous les jeunes de moins de 25 ans « sur toutes les phases travaillées » et de prévoir un complément pour les parents isolés, pour les frais d'éducation des enfants jusqu'à 21 ans.

Au-delà de ce focus sur les femmes, le rapport montre qu'après deux années de baisse, les demandes d'aide au Secours catholique ont été plus nombreuses en 2008 (+ 2,3 %), alors que la crise n'avait pas encore frappé tous les secteurs d'activité. Ces statistiques, qui portent sur les dix dernières années, montrent que l'association accueille « plus de personnes jeunes qui sont dans des situations de plus en plus difficiles, ainsi que des plus de 50 ans qui doivent à la fois soutenir leurs descendants et s'occuper de leurs parents », conclut Bernard Schrick.

Notes

(1) Voir ASH n° 2581 du 14-11-08, p. 29.

(2) Disponible sur www.secourscatholique.org.

(3) Le bénéfice du RSA sera bientôt étendu aux jeunes de moins de 25 ans ayant travaillé un minimum de deux ans sur une période de trois ans, comme l'a annoncé Nicolas Sarkozy en présentant son plan pour la jeunesse le 29 septembre dernier (voir ASH n° 2626 du 2-10-09, p. 5). Cette mesure fait l'objet d'un amendement au projet de loi de finances actuellement en cours d'examen au Parlement.

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