Sans gaudriole ni tire-larmes

Gaspard Aimée a une fille débordée par ses réunions, un sac en plastique plein de médicaments, et des souvenirs qu'il aimerait raconter à quelqu'un. Des souvenirs du temps où il dansait le tango avec sa femme, alors que ses pas aujourd'hui se limitent aux quatre murs de son appartement. Gaspard Aimée a 80 ans, et il est le héros imaginaire de la pièce Tango et chocolat, de la compagnie Soleil sous la pluie. Créée il y a deux ans, cette intervention théâtrale a déjà été jouée une trentaine de fois devant des personnes âgées, mais aussi des enfants, des soignants ou des aidants familiaux. Elle raconte la journée de Gaspard Aimée : la visite de l'infirmière, les disputes avec sa fille, la sieste devant Derrick, et le vent de fraîcheur apporté par une petite fille mutine et spontanée. Entre les moments de comédie affleurent des questions sur la vieillesse, l'autonomie, l'inquiétude des proches, la lassitude de vivre ou les plaisirs du quotidien. Une peinture réaliste née d'un long travail d'enquête : « Pour écrire la pièce, nous avons rencontré des personnes âgées, en maison de retraite ou chez elles, et des professionnels de santé », raconte Christophe Pinon, qui interprète un Gaspard Aimée plein de contradictions. Il confie : « J'ai beaucoup pensé à mes grands-parents, pour éviter les deux écueils de la gaudriole ou du tire-larmes. » Après la pièce, la troupe propose un temps d'échange avec le public, pour « provoquer la réflexion » : « Sur le vieillissement, la solitude, le degré d'autonomie, il n'y a pas de réponse toute faite, admet Christophe Pinon. Personne n'est préparé à vieillir, mais nous sommes tous concernés. »