AVANT L'HABITAT, LES HABITANTS. Réinventer la ville... soit, en clair, reprofiler le visage des banlieues : tel est le principal objectif des projets conduits dans le cadre du programme national de rénovation urbaine lancé en 2003. Près de 4 millions d'habitants et quelque 500 quartiers « sensibles » sont concernés par cette opération gigantesque. Comment agir sur l'urbain afin d'améliorer la vie des humains ? En évitant de réitérer les erreurs du passé, c'est-à-dire en se gardant de pétrifier l'espace, comme cela a été fait avec les grands ensembles édifiés entre les années 1950 et 1970, répond le géographe Pierre Peillon, l'un des très nombreux acteurs dont Bernard Loche, journaliste, et Chantal Talland, urbaniste, restituent le point de vue. « Réintroduire sur ces territoires un peu de la complexité que leur a déniée le fonctionnalisme est essentiel pour fabriquer de véritables «fragments de ville» », explique Pierre Peillon. De fait, les habitants ont une approche de plus en plus large de leur lieu de vie. Celui-ci ne comprend pas uniquement des espaces physiques (immeubles, espaces extérieurs, lieux collectifs), mais aussi des activités humaines et la possibilité de nouer des relations sociales, comme le souligne Aminata Koné, secrétaire nationale du logement à la Confédération syndicale des familles. Ce qui suppose un changement complet d'attitude : ne pas se polariser exclusivement sur le bâti, et prendre en compte l'expertise d'usage des habitants, qui fabriquent la ville tout autant que les politiques publiques. Mais, jusqu'à ce jour, « la quasi-totalité des projets s'est montée sans réelle concertation avec les habitants » : la plupart du temps, celle-ci est perçue comme une confrontation qui retarde l'avancement des travaux, selon Aminata Koné.
Quand les quartiers réinventent la ville. Les acteurs de la rénovation urbaine - Bernard Loche et Chantal Talland - Ed. Autrement - 20 €